Cela fait longtemps, de très longtemps qu'il n'était pas au grand rendez-vous. Mais hier soir, tout le monde l'avait vu à l’œuvre. Vu de leurs propres yeux. À l’instar d’un grenadier à la Crête-à-Pierrot, il n'était pas venu pour la paix. Comme un lion rugissant, il était très furieux contre Navas, le gardien Costa Ricain. Il lui a envoyé cherché le ballon dans le filet en trois occasions.
Haïti, ce pays mal aimé. Ce pays appauvri. Ce pays désaccordé par des accords mal accordés dans l’accordéon de neuf chefs d’orchestre qui n’ont pas su donner cohésion à la partition, était vraiment bien représenté par l’ambassadeur Dickens et consorts.
Haïti, ce pays isolé, saboté et réduit à une démocratie sans démocrates, avait, heureusement de grands ambassadeurs comme Josué Duverger, Ricardo Adé, Carven Metusala, Ruben Providence, Jean Rickner Bellegarde, Duke Lacroix, Leverton Pierre, Danley Jean Jacques, Yassen Fortuné, Frantzdy Pierrot, Dickens Nazon etc. Une équipe avec une mission bien précise. Celle de refaire ce que Manno Sanon, Philippe Vorbe, Henry Francillon, Wilner Nazaire etc, avaient fait lors de la qualification de la Coupe du monde de 1974 en Allemagne.
Haïti, le pays des grands rendez-vous
Pour un pays appauvri, déstabilisé, sans championnat national depuis plus de deux ans, Dickens Nazon et ses coéquipiers avaient montré au monde que l'Haïtien est résilient. Alors qu’ils avaient commencé la seconde période avec deux buts à remonter, menés par leur capitaine Ricardo Adé, les Grenadiers, les héros du match de hier soir (mardi 9 septembre 2025) avaient joué et se sont défoncés pour toute une nation.
De Toussaint Louverture, Henry Christophe, Alexandre Pétion, Capoix La Mort. Jean Jacques Dessalines à ces vaillants footballeurs qui défendaient les couleurs du pays dans cette dernière phase des éliminatoires de la Coupe du monde de football 2026, Haïti continue de produire des héros, dignes fils de la patrie. De vrais ambassadeurs. C'est normal, parce qu'ils ont une histoire. Ce sont des combattants, petits fils des grands hommes d'un pays au passé glorieux.
Pendant les quatre-vingt-dix minutes d’euphorie du match, comme à l’Arcahaie, l’ambiance d’un mariage spirituellement mystique entre le peuple haïtien et l’équipe nationale de football projetait l’image d’un pays stable. Le bras de fer entre opposants politiques aussi bien que les problèmes économiques, sociaux et sécuritaires, étaient, sous forme d’une trêve, provisoirement oubliés.
Car, si pour des intérêts mesquins, la classe politique est divisée entre de petits groupes de clans, au cours de ce match, le pays était, en une seule, et indivisible force, uni derrière les Grenadiers. Et comme on n’avait pas droit à l’erreur, donc les problèmes de division entre les joueurs d’Haïti et ceux de la diaspora, voire un directeur technique étranger de nationalité française étaient resté loin des vestiaires des Grenadiers.
Dans le cas contraire, ce serait un fiasco face à une très forte équipe costaricaine. L’unité nationale et le dépassement de soi pour une cause noble étaient le leitmotiv de l’équipe. L’engagement de chaque joueur dans ce match et pendant tout le reste de la compétition de cette phase finale ne doit pas avoir ni le goût de la division ni l’odeur de l’exclusion. Une équipe, un peuple, et une seule nation. La nation haïtienne.
En conclusion, ce texte est une sorte de motivation à nos ambassadeurs qui, tout en représentant le pays dignement, sont entrain d’écrire une autre page d’histoire d’une sélection nationale haïtienne de football en compétition internationale. Il est aussi un exemple pour démontrer à tous, combien est importante l’unité nationale entre tous les Haïtiens, peu importe leurs origines.
Allez les Grenadiers. Continuez le jeu collectif. Évitez d’être égoïstes dans les actions de jeu. L’intérêt du pays doit être primordial et au-dessus de toutes les individualités. Et, les dieux tutélaires de vos ancêtres continueront d’être avec vous comme ils ont été avec les Pères fondateurs de la nation lors de la guerre de l’Indépendance.
Grenadye alaso.
Esau Jean-Baptiste