Pas de droits humains en Haïti sans langue des signes

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Pas de droits humains en Haïti sans langue des signes

Le Bureau du Secrétaire d’État à l’Intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH) a commémoré la journée internationale de la langue des signes à Port-au-Prince, le 23 septembre 2025, en présence du Ministre des Affaires Sociales, Mr. Georges Wilbert Franck, et d’une représentante du MSPP, Dr Carole Day.

80 individus dont plusieurs personnes sourdes ont assisté à cette activité autour du thème "Reconnaissance de la langue des signes : un pas vers l’égalité et l’inclusion des personnes sourdes".

Selon le Directeur Exécutif du Bureau du Secrétaire d’État à l’Intégration des Personnes Handicapées, M. Fenel Bellegarde, il faut attirer l’attention sur la réalité des personnes sourdes en Haïti.

Une langue à part entière

La langue des signes doit être considérée comme un outil de communication ou comme langue à part entière.

Les personnes sourdes sont des gens à part entière. Elles ont des droits comme tout un chacun. Elles ont leur propre langue.

Cette commémoration nous invite à rappeler l’ensemble des lois nationales et internationales sur le handicap en Haïti, a précisé M. Bellegarde.  

Elle est un prétexte pour rappeler qu’il y a trois femmes sourdes qui ont été lâchement assassinées et qui n’ont toujours pas reçu justice.

C’est aussi une occasion pour se souvenir d’une femme sourde prénommée Jodelle qui ne se rend d’habitude pas compte quand la camionnette qu’elle voulait prendre s’en allait alors que le manager indiquait à voix haute la destination, a ajouté le Directeur Exécutif. 

Il existe environ 70 millions de personnes sourdes dans le monde, selon l’OMS, et 300 langues des signes. Il convient d’avoir une langue des signes haïtienne, une langue des signes qui tient compte de notre héritage de peuple, notre culture, nos traditions et nos mœurs.

Un travail à saluer

Le Directeur Exécutif a salué le travail remarquable de certaines institutions dans le domaine de la langue des signes comme Saint Vincent, fondée en 1945 avec Sœur Margareth Jones, l’Institut Monfort, et Saint John Margareth.

Il a également mentionné l’institut de la langue des signes crée en 2017 et qui avait décidé d’apprendre la langue des signes à des jeunes filles et des jeunes garçons en Haïti. La majorité des gens qui interprètent sont des fils de cet institut.

La langue des signes est un levier qui va nous permettre d’accomplir l’ensemble des conventions et lois internationales sur les personnes handicapées, a rappelé M. Bellegarde.

Il faut respecter l’ODD 10 qui traite de la réduction des inégalités. Nous ne pourrons pas réduire les inégalités si nous faisons de l’exclusion., si nous mettons les personnes sourdes de côté.

Activités organisées pour sensibiliser

Nous avons mis en œuvre plusieurs activités dont le lancement de la quinzaine de la surdité, trois journées de formation pour les personnes sourdes, la commémoration de la journée internationale de la langue des sourds, le 23 septembre, et des cliniques mobiles pour plus de 200 personnes handicapées.

Cet ensemble d’activités vise à sensibiliser sur la réalité des personnes sourdes, la langue des signes et les difficultés auxquelles font face les personnes sourdes au jour le jour.

C’est le moment de montrer que la langue des signes est une langue à part entière, qui peut permettre à la personne sourde de s’intégrer pleinement dans le pays. Comme le dit le slogan : "Il n’y a pas de droits humains sans la langue des signes". Vous ne pouvez pas dire que vous défendez les droits humains si vous ne tenez pas compte de la langue des signes, si vous mettez une partie de la population à côté.

Une avancée fondamentale

La reconnaissance de la langue des signes constitue bien plus qu’une simple mesure linguistique, selon M. Frisner Pierre qui s’exprimait au nom du Représentant de l’UNFPA, M. Samir Anouti. Elle est une avancée fondamentale en matière de droits humains, d’égalité et de justice sociale, a-t-il souligné.

Reconnaître la langue des signes, qui est le premier outil de communication des personnes sourdes, c’est reconnaître leur identité, leur culture et leur citoyenneté, a fait savoir M. Pierre.  

Le Secrétaire d’État à l’Intégration des Personnes Handicapées, M. Génard Joseph, était en mission en province dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet.

Le thème officiel de la Journée internationale des langues des signes 2025, célébrée le 23 septembre, est : "Pas de droits de l'homme sans droits en langue des signes". Ce thème met l'accent sur l'importance des langues des signes pour garantir aux personnes sourdes l'accès à leurs droits humains fondamentaux, l'éducation et une participation pleine et entière à la société.

Texte et photos : Vario Sérant

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