Racisme systémique : pour des mesures ambitieuses en matière de justice réparatrice et d'égalité

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Racisme systémique : pour des mesures ambitieuses en matière de justice réparatrice et d'égalité

Il faut une reconnaissance plus forte du racisme systémique et des mesures ambitieuses en matière de justice réparatrice et d'égalité, a plaidé mercredi le Président de l'Instance permanente des Nations Unies sur les personnes d'ascendance africaine.

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Martin Kimani présentait son rapport annuel au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, lors d'un dialogue interactif avec les représentants des Etats membres.

« Chaque année, les événements relatés dans les gros titres de l'actualité et dans le vécu des personnes d'ascendance africaine confirment tragiquement que, même à ce stade du XXIe siècle, la barrière raciale demeure, créant un clivage hiérarchique qui entretient la ségrégation, la violence, la division sociale, le déni d'égalité des chances et d'équité, ainsi que la persistance de l'exploitation et de multiples formes d'oppression », a-t-il affirmé.

« Les mouvements de défense des droits humains, y compris les mouvements antiracistes, doivent plus que jamais s'unir et agir pour garantir que la promesse de multiples résolutions des Nations Unies, notamment la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, soit tenue ».

Séquelles du colonialisme et de l'esclavage

Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies, Volker Türk, a aussi déclaré que la justice réparatrice était essentielle au démantèlement du racisme systémique.

« Toute tentative significative visant à mettre fin au racisme systémique doit impliquer une prise de responsabilité pour les séquelles du colonialisme, de l'esclavage et de la traite des Africains réduits en esclavage », a-t-il dit. « Les dommages causés doivent être réparés ».

Tracie Keesee, membre du Mécanisme d'experts internationaux indépendants des Nations Unies sur la justice raciale et l'égalité dans l'application des lois, a constaté que le racisme systémique imprègne les systèmes judiciaires et a appelé à une transformation structurelle en tant qu'acte de justice réparatrice.

« Nous devons travailler ensemble pour surmonter le problème du racisme systémique contre les Africains et les personnes d’ascendance africaine dans le système de justice pénale », a-t-elle dit.

Préoccupation pour les femmes et les filles

La session annuelle au Conseil des droits de l'homme a examiné la situation spécifique des femmes et des filles d'ascendance africaine et la manière dont elles sont affectées par des formes croisées de discrimination.

« La déshumanisation des femmes africaines depuis le début de l'esclavage a donné le ton à la dévalorisation et à la discrimination continues auxquelles elles sont confrontées aujourd'hui », a dit Martin Kimani.

« Les objectifs de développement ne peuvent être atteints sans mesures réparatrices qui tiennent explicitement compte de leurs réalités ».

Coup de projecteur sur Haïti

Martin Kimani a rappelé que l'Instance qu'il préside a constamment souligné que « la crise actuelle en Haïti n'est pas un événement isolé, mais est profondément enracinée dans les séquelles de la colonisation et de l'esclavage ».

Haïti a été le premier pays à se libérer de l'esclavage grâce à une révolution victorieuse, obtenant officiellement son indépendance de la France en 1804. Cependant, le pays a été contraint de verser 150 millions de francs en compensation pour les biens perdus lors du soulèvement.

L'Instance permanente a publié un document énonçant des recommandations concrètes, notamment « une perspective de justice réparatrice » et la reconnaissance de la « dette d'indépendance ».

Il a exhorté le Conseil des droits de l'homme à « examiner la crise en Haïti sous cet angle ».

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