Vertières : Montréal célèbre la mémoire haïtienne dans son métro

La Société de transport de Montréal (STM) a dévoilé cette semaine le nom d’une des cinq futures stations du prolongement de la ligne bleue : Vertières. Située à l’angle du boulevard Pie-IX et de la rue Jean-Talon, cette station rappellera la bataille historique du 18 novembre 1803, en Haïti, ultime affrontement qui scella la défaite des troupes napoléoniennes et ouvrit la voie à l’indépendance du pays, proclamée le 1er janvier 1804.

La bataille de Vertières n’est pas seulement un épisode de l’histoire haïtienne : elle est un symbole universel de résistance et de liberté. Ce jour-là, les généraux Jean-Jacques Dessalines et François Capois, dit Capois-la-Mort, menèrent les troupes insurgées contre l’armée française, pourtant considérée comme l’une des plus puissantes du monde. Leur victoire fit d’Haïti la première république noire indépendante et inspira de nombreux mouvements de libération à travers le monde. Pour la Ville de Montréal, donner le nom de Vertières à une station de métro, c’est ancrer cette mémoire dans le quotidien des Montréalais. Le choix s’inscrit dans une démarche déjà amorcée : un parc Toussaint-Louverture, une place Paul-Déjean et une rue Karl-Lévêque rendent déjà hommage à des figures et événements marquants de l’histoire d’Haïti et de sa diaspora.

« On a voulu honorer des communautés qui contribuent à faire vivre Montréal », a souligné Éric Alan Caldwell, président du conseil d’administration de la STM, lors de l’annonce.

La communauté haïtienne, arrivée en nombre dès les années 1960, a profondément marqué le paysage culturel, social et économique de Montréal. Saint-Michel, quartier voisin de la future station Vertières, est d’ailleurs l’un des principaux lieux de vie de cette diaspora, aujourd’hui l’une des plus importantes en Amérique du Nord.

Un métro qui devient lieu de mémoire

La mairesse Valérie Plante a insisté sur l’importance d’un espace public inclusif et porteur de sens. Pour elle, ce prolongement de la ligne bleue, prévu pour 2031, n’est pas seulement un projet d’infrastructures de transport collectif, mais aussi un geste politique et culturel : « Nommer une station Vertières, c’est rappeler chaque jour que Montréal est faite de mémoires plurielles, et que ces mémoires doivent trouver leur place dans notre espace commun. »

Dans quelques années, les usagers du métro entendront cette annonce : « Prochaine station : Vertières ! » Une phrase qui, au-delà de sa fonction pratique, fera résonner dans la ville l’écho d’un combat pour la liberté mené il y a plus de deux siècles, et qui continue d’inspirer les générations d’aujourd’hui.

Schultz Laurent Junior

 

 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES