Le chef des affaires humanitaires des Nations Unies, Tom Fletcher, a posé ses valises à Port-au-Prince le lundi 8 septembre pour une visite de trois jours. Son objectif, attirer l’attention du monde sur l’ampleur de la crise humanitaire qui secoue Haïti, à un moment où les besoins de la population explosent alors même que les financements s’essoufflent.
« C’est très dur, c’est une tragédie humaine qui doit réveiller les consciences », a-t-il confié au cours d’une entrevue accordée au journal Le National, après avoir visité plusieurs sites de déplacés internes. Sur place, il dit avoir entendu des récits bouleversants : des femmes et des enfants victimes d’agressions sexuelles, des familles arrachées à leurs maisons, des vies brisées par la violence.
Pour lui, la priorité reste le rétablissement de la sécurité. Sans un minimum de stabilité, il sera impossible d’arrêter ce qu’il décrit comme une « descente aux enfers ». M. Fletcher indique que l’action humanitaire doit être plus efficace et surtout plus neutre. Et au-delà des efforts sur le terrain, il appelle la communauté internationale à un sursaut de générosité.
En effet, cette année, les Nations Unies ont estimé qu’il fallait environ 908 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents et simplement sauver des vies en Haïti. Or, à peine 12 % de cette somme a été mobilisée jusqu’à présent. Pourtant, la réalité est que près de 6 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays, ont un besoin vital d’aide humanitaire.
Pourquoi une telle réticence des bailleurs ? Selon Fletcher, cela s’explique par une baisse générale du financement humanitaire à l’échelle mondiale, accentuée par des changements de politique de grands contributeurs comme les États-Unis.
Le chef des affaires humanitaires des Nations Unies souligne qu’environ 4 millions de personnes sont directement menacées et nécessitent une assistance rapide. « Nous allons insister et travailler pour mobiliser ces ressources, a-t-il affirmé. Nos projets doivent être plus efficaces, plus ciblés, afin d’aider au maximum. » promet-il.
Un nombre similaire de personnes fait face à une insécurité alimentaire sévère, et plus de 8 400 Haïtiens vivent déjà dans des conditions proches de la famine. C’est une réalité difficile à concevoir dans un pays où les terres sont fertiles, mais où l’insécurité et les déplacements massifs empêchent toute stabilité agricole.
Il faut souligner que la violence a provoqué un exode interne sans précédent. Aujourd’hui, plus de 1,3 million de personnes se trouvent déplacées à l’intérieur du pays. C’est le chiffre le plus élevé jamais enregistré en Haïti. Ces familles, qui ont fui les zones contrôlées par les gangs, vivent pour la plupart dans des abris de fortune, souvent sans accès à l’eau potable ni à des soins de base.
« Nous espérons qu’un jour Haïti sera en mesure de répondre elle-même à certains de ces besoins », a-t-il confié à Le National, précisant qu’en attendant, ils mettront tout en œuvre pour chercher les ressources nécessaires et éviter que le pire ne se produise.
Esdra Jeudy