Tardive, la décision de l'administration américaine de lutter contre le traffic d'armes vers Haïti n'aura pas d'effet pertinent sur la situation de criminalité, conditionnée par une désintitutionalisation de l'état haitien. En effet, l'affaiblissement des mécanismes institutionnels pour une gouvernance politique souveraine est la première cause de la crise politique. Celles-ci se manifestent par les déficiences des élections, les violences criminelles originaires des connivences entre les acteurs politiques, les secteurs économiques, les partenaires de la diplomatie étrangère qui sont corrompus et insouciants des règles éthiques de la coopération interétatique, et les catégories corruptibles d'une population civile vivant dans les grandes précarités. Ces faits de dysfonctinalité institutionnelle des pouvoirs de l'état rendent compte d'une volonté implicite des dirigeants haïtiens et des partenaires internationaux d'Haiti d'instituer un mode opératoire de la gouvernance par la violence des gangs, pour exercer un contrôle sur les électeurs et les mouvements démocratiques et populaires des masses urbaines et rurales. Un détournement des voies démocratiques qui a permis l'élection des acteurs corompus et incompétents dans les sphères du pouvoir d'état en Haïti. Comment interpréter ces nouvelles décisions de l'administration américaine dans la lutte contre les traffics d'armes et de stupéfiants vers Haïti, sans nous leurrer sur la volonté de Washington d'aider les dirigeants haïtiens à résoudre la crise de la criminalité sociale et politique, qui freine les efforts de normaliser la gouvernance politique et le rétablissement d'un climat de paix et de sécurité permanent?
Une retrospection sur la diplomatie américaine, avant la radicalisation dans la formation des groupes armés sur des points stratégiques du territoire national peut aider à la.compréhensiom de la logique de la coopération internationale vis-a-vis d'Haiti et des nouvelles mesures de l'administration des Etats-unis.
La responsasable de la diplomatie américaine, la dame Suzan simpson, ancienne agent de mission dans des pays africains comme le Rwanda, qui ont connu des troubles politiques et des guerres civiles, avait conseillé aux autorités haitiennes de fédérer les groupes armés en Haïti, ce qui impliquait de leur donner un statut légal et de partenaires légitimes vis-a-vis de l'état d'Haïti. Par ailleurs, la langue de bois du diplomate Kenneth Merten qui affirmait qu'Haïti devait se donner des leaders politiques responsables, suite à son séjour pour un diagnostic de la crise politique, laissait deviner que ces prédécesseurs ne transmettaient pas des rapports fiables au département d'état américain. D'autant que les propos du diplomate Merten sur la situation d'insécurité en Haïti étaient contradictoires à ceux de Suzan Simpson. La prolifération des gangs criminels n'aurait donc pas été un problème pour la diplomatie des Etats-unis qui veulent contrôler les décisions des gouvernements haitiens. Mais, dans le contexte de la guerre lancée contre le gouvernement du Venezuela que l'administration de Donald Trump accuse d'être le principal responsable de l'organisation des cartels de narco-trafiquants et du terrorisme dans la région de l'Amérique latine et de la Caraïbe, mettre le projecteur sur le traffic de drogue et des armes vers Haïti constitue un bon point de la publicité de Washington sur son leadership contre le narco-traffic et la vente transtionale des armes pour légitimer sa nouvelle géopolitique de la guerre en Amérique. Ce n'est pas sans une intention de créer des liens d'implication logique entre la vulnérabilité d'Haïti et la culpabilité du Venezuela dans l'organisation des crimes de narco-trafiquants que l'ambassadeur Henri T Wooster a déclaré que certains points portuaires d'Haiti constituent des zones de transit pour la drogue et les armes, dont les cartels de vente sont originaires respectivement du Venezuela, de Miami, de la Floride, de Everglants. A rappeler que ces trois territoires américains consttituaient la juridiction où le secretaire de la defense Marco Rubio exercait son mandat senatorial. Partisan fervent de la lutte contre les gouvernements de gauche en Amérique.
Il ne faut jamais omettre de lier l'insécurité en Haïti avec l'accord Petrocaribe que le gouvernement de René Garcia Préval avait signé avec le gouvernement de Hugo Chavez, dont Nicolas Maduro est le remplaçant, légitimé par les sentiments populaires des supporteurs de Chavez. Pourrir tous les gouvernements par les mauvaises gestions des fonds de cet accord serait une stratégie de Washington pour miner les relations entre Haiti et Venezuela, dont le pétrole reste un enjeu de la géo-économie des Etats-unis en Amérique, et sa position dans la concurrence avec la Russie.
Suite à l'intervention des Etats-unis dans les disccussions sur l'annulation de la dette d'Haiti envers le Venezuela, sous la présidence de Jovenel Moïse des fonds ont été versés au gouvernement de Maduro et qui permettait d'évaluer à 500 millions de dollars en provenance des réserves de la Banque de la république d'Haiti, pour acquiter la dette envers le Venezuela. Ce qui avait permis de soigner partiellement l'image d'Haiti par rapport aux accusations de détournement réels de 197 millions de dollars de la vente du pétrole livré aux terminaux du pays, dans le cadre de l'accord. Des accusations qui auraient éclaboussé l'ambassadeur du Venezuela en Haiti, Pedro Antonio Caniño Gonzalez, et qui avait affirmé que le.gouvernement de l'époque avait fait un usage des fonds dans.des secteurs sociaux, selon les clauses de l'accord entre les deux gouvernements. Haïti, dont la crise d'insécurité résulte de la gestion frauduleuse des fonds de l'accord Petrocaribe, ne peut être en marge des tensions opposant les Etats-unis et le Venezuela.
Mais, les décisions prises par Washington pour lutter contre les narco-trafiquants d'Haiti n'est qu'un saupoudrage, et ne visent guère à résoudre la crise d'ingouvernabilité qui serait favorable à l'exercice d'un controle sur les institutions gouvernementales haitiennes par l'administration américaine qui érode la souveraineté politique, économique, et sécuritaire du pays, depuis l'occupation de 1915. L'efficacité de ces décisions devrait être conditionnée par un appui politique, diplomatique visant à renforcer les forces nationales de repression, en fournissant une aide logistique adéquate qui doit permettre des opérations offensives et décapitantes, agin d'éliminer les menaces imminentes et permanentes des groupes armés à l'affirmation de l'autorité d'État. Pour donner et améliorer les capacités institutionnelles des pouvoirs publics qui doivent rétablir la souveraineté du pays, gouverné par une ingérance stratégique des Etats-unis dans la sous région caraïbéenne.
Quelques soit la quantité des armes, de stupéfiants, d'argent illicite interceptée par une administration américaine qui ne favorise pas à l'état haitien de se donner des forces repressives opérationnelles et autonomes de l'influence de l'ambassade americaine d'Haiti, de s'institutionaliser pour avoir les compétences régaliennes nécessaires et l'autonomie souveraine et nationale pour renouveler le personnel politique, via des elections libres et democratique, il y aura toujours une insécurité qui se métamorphosera selon les conjonctures nationales et internationales. La bonne foi est toujours utile en politique extérieure.
Cheriscler Evens
Professeur et journaliste
