La rentrée scolaire 2025-2026 se fait sur fond de crise. Des syndicats de directeurs d'écoles, d'enseignants et de parents d'élèves dénoncent le manque de soutien des autorités. Ils invitent ainsi les responsables à prendre des mesures drastiques pour que le calendrier scolaire soit entièrement respecté et favoriser un meilleur climat d'apprentissage.
La réouverture se fait dans un contexte particulièrement tendu. Les acteurs du secteur éducatif déplorent un manque de préparation, l'absence d'engagement réel des instances concernées, la non-subvention des matériels et fournitures scolaires par le gouvernement, affirmant que les conditions ne sont pas réunies pour rouvrir les portes des établissements.
L'Association Professionnelle des Écoles Privées fustige la passivité des autorités de l'État, particulièrement l'inaction des instances concernées pour garantir une bonne rentrée académique. « Ça va être un jour triste pour les parents qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l'école, les directeurs qui font tout pour tenir dans cette crise et qui observent une diminution de leur effectif, et les enseignants qui ont perdu leur emploi», décrit Marguerite Clérié, présidente de l'APEP.
Par ailleurs, elle critique le manque d'accompagnement pour les établissements directement touchés par l'escalade de la violence, soulignant qu'aucune mesure n'a été mise en œuvre pour déloger les déplacés réfugiés dans les édifices des écoles privées et publiques afin de permettre aux enfants de regagner leurs salles de classe. « Jusqu'à ce jour, aucune information ne nous a été parvenue concernant la sécurisation des élèves», dit-elle.
Mme Clérié recommande aux responsables de l'État de tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité des enfants qui vont prendre le chemin de l'école cette année. Elle interpelle les protagonistes politiques à mettre de côté leurs luttes intestines afin de ne pas empiéter sur la formation académique des apprenants.
L'éducateur Wilfrid Gilles, de son côté, estime, tout comme les années précédentes, que les conditions ne sont pas réunies pour assurer la réouverture des classes, arguant que le contexte sécuritaire demeure préoccupant et que les revendications des enseignants ne sont pas prises en compte, ce qui laisse court à d'éventuels arrêts de fonctionnement dans les écoles nationales et lycées.
Cependant, dit-il, la rentrée scolaire ne peut plus se faire attendre, mais il relève du ressort des concernés d'améliorer les conditions pour que cette nouvelle année soit différente, afin de mettre fin à cette éducation au rabais, à multiples vitesses, et de freiner ce cycle d'échecs aux examens officiels du baccalauréat haïtien.
Il plaide en faveur de la mise en place d'une task force entre le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, le Fonds National pour l'Éducation, le Programme National de Cantine Scolaire, l'INFNP et tous les secteurs concernés, pour dégager une commission capable d'analyser les espaces d'apprentissage, la quantité d'enfants qui ne peuvent pas se rendre à l'école dans les camps, les enseignants victimes de l'insécurité et les responsables d'école, en vue d'apporter des réponses appropriées.
Le porte-parole de l'Association des Parents d'Élèves d'Haïti (ASPAEDH), Fedner Confident, se dit préoccupé par le manque d'assistance du gouvernement aux parents. Il critique la décision du gouvernement de réviser le budget rectificatif à quelques jours de la rentrée, énonçant les paperasses pour le décaissement des fonds. « Aucune annonce de subvention pour les fournitures scolaires n’a été faite par le gouvernement, tandis que la situation se corse de plus en plus», déclare-t-il.
Sheelove Semexant