Durant le dernier trimestre de l'année 2025, le parcours de l'artiste Libonet Fénélus a connu un nouvel élan, à travers les différents chantiers artistiques qui sont associés à son nom. En dehors des images de certaines de ses créations ou participations rendues publiques sur son compte Facebook, il y a lieu d'explorer davantage l'univers de cet artiste polyvalent et engagé. Entre les faits sociopolitiques et la force de réaliser son rêve d'artiste, entre la création artistique et la migration, la résistance des matériaux finit souvent par se soumettre à la vision de ce plasticien.
Disait Piet Mondrian : "La position de l'artiste est humble. Il est essentiellement un canal". C'est à travers cette réflexion que je vous invite à découvrir l'univers de cet artiste, qui tente par tous les moyens de créer par ce canal, son territoire esthétique dans l'histoire de l'art universel.
Disciple de quelques artistes confirmés qui ont marqué le premier quart de siècle dans l'histoire des arts plastiques et de l'Ecole nationale des Arts(ENARTS), parmi d'autres créateurs et laboratoires artistiques d'ici et d'ailleurs, Libonet Fénélus affirme plus d'une fois et fièrement: "J’ai été influencé par Doc Wor, Kevens Prevaris, Jerzy Kubina, l'environnement artistique de Garner arts Center et aussi par le travail des artistes de United Scenic artists qui me fascine.".
Du nombre de ses chantiers artistiques majeurs, il souligne : "En ce moment je travaille sur un projet multidisciplinaire qui mêle art visuel et performance autour de la migration haïtienne. La scénographie est mon prétexte pour explorer les dimensions artistiques de ce projet que j'espère réaliser au début de 2026.".
Durant l'année 2017, l'artiste plasticien et créateur de scène Libonet Fénélus s'était investi dans sa formation et son perfectionnement dans le champ des arts plastiques et visuels. "J'ai commencé à participer à des séances de formation a Garner Arts Center a Garnerville New-York où j'ai eu mon atelier de peinture l'année suivante.". Comme si c'etait hier, il se rappelle : "J'ai été influencé par les oeuvres de l'artiste polonais Jerzy Kubina avec qui j'ai appris a peindre des 'Marbles and Woodgrain", essentiel pour le test d'acceptation au syndicat des artistes.".
D'autres informations pertinentes sur le parcours de ce dernier sont rapportées : "En 2022, j'ai intégré l'institution dénommée United Scenic Artists, et comme membre de cette structure, j'ai déjà travaillé sur des séries télévisées comme: Evil (saison 3 en 2022 et saison 4 en 2024), Godfather of Harlem (saison 3 en 2022, saison 4 en 2023), Let the right On In ( saison 1 en 2022), Feud Capote vs The Swans (saison 1 en 2023), Go for gandma (film 2023), Le Challeng ou No hard feeling ( film 2023), La loi la plus forte ou survival of the thickest (saison 1 en 2023), American Horror Story (saison 12 en 2023), Only murders in the building (saison 4 en 2024), Samo lives ( film 2025). J'ai aussi travaillé comme scenic artist sur des spectacles de théâtre tels que: Take the Lead en 2025 et Bull Duram (2025).
Des expériences à la fois pertinentes et valorisantes, qui ne détachent pas pour autour l'artiste de sa terre natale, Haïti.
D'un simple concept, non des moindres, pour aborder la réalité culturelle de sa terre natale, sachant que l'art est souvent synonyme d'engagement sociale et de responsabilité partagée, il résume sa vision philosophique et artistique. "Résistance". C'est le mot qui me vient toujours à l'esprit quand je pense à la vie culturelle en Haïti. Malgré l'absence de politique culturelle et les défis économiques, des créateurs continuent d'innover et porter leurs revendications à travers des activités culturelles et artistiques.
Des considérations inscrites dans une approche de politique culturelle, il croit : "qu'il faut un pont solide entre le ministère de la culture et les opérateurs culturels pour une valorisation réelle des artistes au cœur même des dynamiques sociales. La réglementation des arts en Haiti m'intéresse beaucoup. J'ai pu constater ces manques non seulement comme artiste qui évoluait en Haïti mais aussi en travaillant et en fréquentant des institutions artistiques ici aux USA.".
Des expériences qui interpellent l'artiste, il raconte: "A plusieurs reprises j'ai des amis qui vont en Haïti pour des projets de documentaires ou cinématographique, souvent ils me demandent à combien ou comment payer les acteurs ou les artistes...des fois ils ( etranger ) pensent à se référer au salaire minimum du pays qui n'est pas toujours bien défini par la loi...pour moi une réglementation garantiraient le droit et la protection économique des acteurs culturels et des artistiques suivent une certaine catégorisation des arts.".
Dans ses débuts, il se souvient : "J’ai commencé dans l'art visuel en 2006 avec Doc Wor et Kevens Prévaris à travers le projet Grenn Pwomennen. C'est à partir de ce moment que j'ai aussi commencé avec le théâtre. En 2011 j'ai intégré le Petit Conservatoire où j'ai étudié le théâtre. J'ai participé au festival des quatre chemins et au festival Cap Excellence en Guadeloupe en tant que comédien sur l'adaptation de Gouverneurs de la rosée mise en scène par Daniel Marcelin.".
Deux ans plus tard, il poursuit : "En 2013 j'ai participé comme acteur dans le film "Port-au-Prince dimanche 4 janvier' en interprétant le personnage Eliphete réalisé par François Marthouret. Comme comédien de la troupe Karako Vanyan j'ai participé à de nombreux projets de spectacle mise en scène par John Vanyan.", tout en se rappelant : " En 2012 j'ai commencé à donner des cours de pièces classiques au Collège Excelsior, 2013 j'ai commencé à donner des cours de théâtre à l'Institution Saint Louis de Gonzague.".
Détermination et motivation au rendez-vous, l'artiste ne s'empêche pas dans une forme de reconnaissance éternelle, pour témoigner : "En même temps,je nourrissais ma passion pour la peinture, Doc Wor était mon mentor et Chilou Jean un ami du quartier où j'habitais avec qui j'avais l'habitude de travailler sur mes projets de peintures.".
Durant l'année 2014," J'avais commencé à donner des cours de dessin et d'éducation esthétiques et artistiques aux collèges Excelsior, La Providence Cambry L'Oiseaux et aussi au collège Gérard Armand Joseph où j'ai été responsable des activités culturelles.", se souvient-il.
De nombreux artistes, dans toutes les catégories confondues, comme d'autres professionnels issus pratiquement de tous les secteurs d'activités socioéconomiques et culturelles, parmi les plus talentueux ont été contraints de laisser Haïti durant les dernières décennies, en quête d'une meilleure.
Du nombre de ces créateurs, il sont nombreux celles et ceux qui entendent poursuivre leur rêve, en continuant à pratiquer des métiers artistiques culturels ou connexes. Parmi ces plus chanceux ou courageux, on retrouve Libonet Fénélus. Un talent partagé entre la reconnaissance envers ses pairs, la résistance sur tous les fronts pour réaliser sa véritable mission. Celle de créer et de réinventer l'espace esthétique et plastique.
Dominique Domerçant
