Du 29 au 31 juillet 2025, la ville du Cap-Haïtien a accueilli un événement consacré à la lutte contre la violence communautaire et au désengagement des jeunes impliqués dans les gangs. Intitulé « Forum d’engagement du secteur privé dans la Réduction de la Violence Communautaire (RVC) et le Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR-RVC) », ce rassemblement a réuni entrepreneurs, représentants des institutions publiques, organisations sociales et experts nationaux. L’initiative a été coordonnée par la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH), avec l’appui stratégique du Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) et le soutien du Système des Nations Unies, notamment à travers le BINUH.
Pendant trois jours, plus de 360 participants, dont environ 32 % de femmes et de nombreux jeunes leaders issus des dix départements du pays, ont pris part aux échanges. Cette diversité territoriale et générationnelle a renforcé la portée du forum, témoignant d’une mobilisation collective autour d’une cause urgente : reconstruire la stabilité sociale et économique du pays.
Dans son intervention, Marie Goretti Nduwayo, cheffe de l’ONU-Femmes en Haïti, a salué la constance et l’engagement des participants malgré les contraintes logistiques liées à la localisation du forum. Elle a souligné que la participation active des jeunes et des femmes démontre la volonté de renouveler les dynamiques de leadership dans les communautés.
Les discussions ont mis en lumière un diagnostic clair des problématiques qui alimentent la violence. Parmi les facteurs identifiés : gouvernance locale fragile, inégalités économiques, crise foncière persistante, insécurité armée, migration incontrôlée, ainsi que manque d’opportunités de formation technique adaptée aux réalités locales. Si ces défis varient selon les régions, leurs conséquences convergent vers une même urgence, restaurer le tissu social et renforcer l’économie locale.
Lors de son discours, M. Frinel Joseph, Conseiller du Président chargé des affaires de gouvernance et de sécurité, a rappelé que la lutte contre la violence ne peut être menée de manière isolée. « Cette lutte ne peut être gagnée que par l’unité d’action entre l’État, le secteur privé et la société civile. C’est par une vision commune que nous briserons le cycle de la violence », a-t-il déclaré, appelant à l’élaboration d’une stratégie nationale concertée.
Les travaux se sont articulés autour de présentations stratégiques, suivies de panels de réflexion, avant de se conclure par des ateliers participatifs. Un consensus s’est dégagé : l’abandon économique des territoires constitue un terreau fertile pour l’émergence de la violence. Favoriser l’investissement local, soutenir l’entrepreneuriat communautaire et offrir des alternatives économiques viables aux jeunes seraient des leviers essentiels pour inverser cette dynamique.
En définitive, ce forum marque une étape importante vers un engagement plus structuré du secteur privé dans la stabilisation du pays. S’il ne constitue pas une solution immédiate à la crise sécuritaire, il ouvre la voie à une coopération renforcée et durable entre les acteurs clés de la société. La reconstruction du vivre-ensemble haïtien passe désormais par l’action collective, la solidarité territoriale et l’investissement dans le potentiel de la jeunesse.
Gerarrd H. Resil
