Le salon du livre haïtien de New York : pourquoi et quels résultats?

Le Salon du livre haïtien de New York a dépassé les  espérances des organisateurs. Signe qui fait croire en la vitalité de la culture littéraire haïtienne à New York. Cette activité socioculturelle est loin de combler les besoins en matière d’animation littéraire et culturelle. Il faut davantage d’activités pour répondre à la soif constatée au sein de la diaspora de New York. Un public  estimé à plus de quatre cents (400) personnes, dans une ambiance bon enfant nous a fait l’honneur de prendre part à cette initiative considérée comme de vraies retrouvailles communautaires et culturelles notamment sur les plans: littéraire et éducatif.

Il y avait de l’animation culturelle folklorique et littéraire pour tous les goûts et pour tous les âges depuis la petite enfance aux grands-parents. Tchatcha Édition, représentée par madame Sousoule Sanozil et C3 Éditions avec Nahomie Dry ont gratifié le Salon avec plus de vingt titres pour une quinzaine d’auteurs. 

Pour la galerie des auteurs, n’en parlons pas, elle était bien garnie. Citons en exemple quelques grandes figures: le professeur Victor Benoit, membre fondateur du Collège Jean Price-Mars (CJPM), Castro Desroches, première génération d’élèves du CJPM et membre du staff des langues étrangères à Nassau Community College (NCC), le sociologue Frédéric Boisrond du Canada, le professeur Pierre Buteau, président de la Société d’histoire de géographie et de géologie, structure qui célèbre son centenaire cette année, l’analyste politique Michel Soukar, le sociologue Laënec Hurbon, le romancier Frantz Benjamin, député de Viau à l’Assemblée nationale du Québec.

Y ont pris part également, le professeur Frantz Antoine Leconte, président de l’Association  des professeurs de langue française aux USA, le sociologue Michel Acacia directeur adjoint des éditions de l’Université d’État d’Haïti, Claudy Delné avec son titre Éloge de l’altérité, le romancier Gary Victor, Edenne Roc (les œuvres de Jacques Stéphen Alexis en créole) et le cinéaste Arnold Antonin. 

La liste des éminentes figures ne s’arrête pas là, certains fleurons de la gent féminine comme la romancière Ketly Mars, ayant à son actif  plus d’une dizaine de romans comme l’Ange du Patriarche. Il faut dire que ses romans décrivent la société haïtienne telle qu’elle est.  Rachel Price Vorbe dont son roman “Le pont à deux temps”vient de décrocher le Prix Deschamps 2022, Maudelyne Maximeau Gédéon avec The Kingdom of Haiti, Independence Soup Joumou, Pascale Anglade, Sosyete Koukouy, une sommité dans son domaine d’études. 

Outre des livres, le public avait droit à  une exposition de peinture de Guerda Faustin de Visual Artist et de Samuel Augustin.

Pour montrer la culture haïtienne dans sa dimension la plus large, les deux journées du Salon du livre haïtien de New York étaient agrémentées de musique avec un troubadour dirigé par Alix Julien, un pur produit de CJPM, des compositions de Lesly Vicière, des slameurs.

L’un des moments  phares de la deuxième journée fut la prise de parole du professeur Victor Benoit- Mèt Benn, Artibonitien, le dernier survivant parmi les trois fondateurs du Collège Jean Price-Mars. Les deux autres Grand-anselais, René Philotecte, l’un des plus grands poètes haïtiens du vingtième siècle et Jean-Claude Fignolé, l’homme des Abricots avec Les Possédés de la pleine lune qui fut l’un des critiques littéraires les plus respectés de son époque. Ils ont déjà fait le voyage pour l’au-delà. 

Avec brio, Maître Benn a fait l’historique du CJPM pour l’assistance assoiffée de savoir pourquoi une telle école en ce temps-là? Elle est parvenue à offrir à la nation une pléiade de citoyennes et citoyens formés dans le moule du patriotisme, de l’engagement et d’attachement au pays.  

Le Collège Jean Price-Mars  a vu le jour en 1972 dans la perspective de répondre à un besoin impérieux d’offre scolaire surtout pour les jeunes sortis de la province qui n’avaient pas la possibilité d’intégrer les écoles congréganistes, parce qu’issus de familles à faible revenu. Ces jeunes atterris à Port-au-Prince, ou bien n’avaient pas des contacts pour les inscrire dans les lycées qui étaient sous le contrôle des tontons macoutes (sbires du régime duvalierien) ou bien l’argent pour payer la scolarité dans les écoles congréganistes et celles laïques qui offrent une éducation de qualité. 

Il est indéniable que ces deux journées de valorisation de la culture haïtienne - ciment de toute formation sociale- à travers le livre fut l’œuvre des organisations (JPMOC) Jean Price-Mars Organisation Culturelle et (VCRC) Vilbrun Community Research Center avec l’appui de (HSI) Haitian Studies Institute. Il va sans dire que tout ceci a été possible grâce au désir et à la volonté de cette équipe  Yolette Jules, Jennifer Joly, Kénol Anglade, Alix Julien notre animateur musical, Edeline Jules, Reindall Joseph, Rirchie Desroches, Marcel Poinsard Mondésir, qui souhaite créer  une nouvelle dynamique au sein de la grande communauté haïtienne de la diaspora au travers de la culture, du savoir et de l’éducation. Pour nous autres la meilleure arme et le meilleur instrument de lutte qui puissent nous permettre de forger le nouvel Homme haïtien reste l’éducation. Et, cette dernière doit puiser sa source dans notre culture si riche en contenu et en imaginaire. 

 

Marcel Poinsard Mondésir 

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