Peuple d'Haïti, mon sang, ma chair, mon âme immortelle !
Je parle depuis la terre sacrée de Vertières,
Depuis le rugissement des tambours et le brasier de nos ancêtres.
Haïti ! Ô mon Haïti bien-aimée !
Deux cent dix-neuf ans se sont écoulés depuis que j'ai donné ma vie,
Et aujourd'hui, mon cœur saigne de voir mon rêve vaciller sous vos pas hésitants.
Vous criez mon nom dans vos rues dévastées,
Vous scandez « Dessalines, reviens ! Sauve-nous de ce malheur ! »
Mais écoutez-moi bien, enfants de la liberté :
Je ne reviendrai pas !
Non pas parce que je vous abandonne,
Mais parce que je vous ai TOUT donné —
La flamme sacrée de l'indépendance,
La route tracée dans le sang et la sueur,
La dignité arrachée aux chaînes de l'esclavage !
C'est à VOUS, maintenant, de lever la tête !**
C'est à vous de marcher, le front haut, sans peur ni tremblement,
Vers l'aube nouvelle que j'ai promise à nos enfants.
Mes frères, mes sœurs,
Pourquoi cherchez-vous l'ennemi au-delà des frontières
Quand c'est vous-mêmes qui lui ouvrez grand les portes de la patrie ?
Vous maudissez la trahison,
Mais vos propres mains signent les pactes de votre déchéance !
Vous vous entre-déchirez comme des bêtes affamées,
Pendant que notre mère Haïti agonise dans le silence de votre indifférence.
*Frère contre frère ! Sœur contre sœur !*
Est-ce donc là l'héritage que vous voulez laisser à vos enfants ?
**Regardez-vous ! Osez vous regarder dans le miroir de votre conscience !
Voyez-vous encore mon reflet dans vos yeux ?
Ou n'y reste-t-il que l'ombre tremblante de votre lâcheté,
Le fantôme de votre résignation ?
Ce miroir, mes enfants, ne ment jamais —
L'ennemi que vous cherchez au loin habite en vous.
La corruption qui vous ronge, c'est VOUS qui la nourrissez !
L'injustice qui vous écrase, c'est VOUS qui la tolérez !
La misère qui vous étouffe, c'est VOUS qui l'acceptez en silence !
Mais écoutez bien ceci :
Le salut que vous espérez dort aussi en vous !**
Le pouvoir de relever Haïti pulse dans vos veines,
Car vous portez le même sang que moi,
Le sang des invincibles, des briseurs de chaînes,
Le sang de ceux qui ont fait l'impossible !
Je ne suis pas mort pour un peuple d'excuses et de lamentations,
Mais pour une NATION DEBOUT —
Fière, travailleuse, incorruptible, indomptable !
Je ne suis pas votre messie qui descendra du ciel !
Je suis votre MÉMOIRE vivante,
Le feu qui doit brûler dans vos poitrines,
Le cri de guerre qui doit résonner dans vos âmes !
Et la mémoire, mes bien-aimés,
Ne sauve que ceux qui osent AGIR.
Alors LEVEZ-VOUS, fils et filles de Dessalines !
LEVEZ-VOUS, héritiers de Toussaint et de Capois !
LEVEZ-VOUS, descendants des guerriers de Vertières !
Assez de masques hypocrites !
Assez de beaux discours qui sonnent creux !
Assez de promesses qui s'envolent comme la fumée !
Rebâtissez Haïti pierre par pierre, de vos propres mains calleuses !
Avec le courage qui coule dans vos veines,
Avec la justice qui doit guider chacun de vos pas,
Avec le respect sacré du sang que nos martyrs ont versé pour votre liberté !
Unissez-vous, bon Dieu ! UNISSEZ-VOUS !
Car un peuple divisé est un peuple vaincu.
Aimez Haïti plus que vous ne vous aimez vous-mêmes !
Aimez-la plus que l'or, plus que le pouvoir, plus que la gloire éphémère !
Que chaque mère enseigne à ses enfants la fierté de notre histoire,
Que chaque père travaille avec honneur pour nourrir sa famille,
Que chaque leader serve son peuple au lieu de se servir lui-même,
Que chaque Haïtien refuse la corruption comme on refuse le poison !
Écoutez le tonnerre de ma voix qui traverse les siècles !
Tant qu'un seul d'entre vous osera dire la vérité en face,
Tant qu'un seul cœur battra pour la patrie sans crainte de la mort,
Tant qu'une seule main se lèvera pour défendre la justice,
DESSALINES VIVRA !
Non pas dans les statues de bronze que vous érigez,
Non pas dans les discours pompeux des hypocrites,
Mais dans la CONSCIENCE ARDENTE d'un peuple
Enfin LIBRE, enfin DIGNE, enfin à la hauteur de son nom glorieux !
Haïti ! Ô ma perle noire !
Première nation noire libre du monde !
Tu es tombée, mais tu n'es pas vaincue !
Le sang de tes héros crie encore depuis la terre,
Et ce cri résonnera jusqu'à ce que tu te relèves,
Majestueuse et triomphante,
Comme le phénix qui renaît de ses cendres.
Levez-vous, mes enfants !
**L'heure n'est plus aux pleurs, mais à l'action !
L'heure n'est plus à la plainte, mais au combat !
Le combat pour votre dignité, pour votre avenir, pour votre survie !
Je vous regarde depuis l'éternité,
Et j'attends le jour où je pourrai dire avec fierté :
« Voilà mes enfants ! Voilà les dignes héritiers de la liberté ! »
Ce jour viendra, je le jure sur mon sang versé,
Mais c'est VOUS qui le ferez venir !
Vive Haïti libre et souveraine !
Vive le peuple invincible !
Vive la mémoire éternelle de nos martyrs !
Dessalines a parlé. À vous d'agir.
Pierre Richard Raymond
17 octobre 2025
New York, USA