Le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), tenant compte de la situation agro-désastreuse à laquelle le pays fait actuellement face, a lancé, le dimanche 12 octobre 2025, avec insistance la phase initiale de l’opération de distribution des "Permis de Fonctionner " et "Permis de Diriger" à travers les 10 Directions Départementales d’Éducation (DDE), selon les informations rassemblées par la direction de rédaction du journal Le National.
Sous l’aile d’une Haïti entremêlée des cordes d’une insécurité dramatisée, oscillant entre le catastrophique et l’enragé, bien que malmené par les crocs du Léviathan qu’est la violence incessante des gangs armés, résonne une réouverture scolaire chargée de contraintes. Nageant entre tension, vulnérabilité et une peur frappante, face à une population résignée et un État failli dans sa mission de protection et d’organisation.
Dans l’antichambre du nouveau discours
Le lundi 6 octobre dernier, le ministre "Augustin ANTOINE" a présidé une cérémonie officielle de remise de ces documents à 85 responsables d’écoles, représentant les sept districts scolaires du Département du Sud.
Après avoir soulevé les problèmes fondamentaux auxquels fait face l’école au XXIe siècle, dans l'antichambre de son discours, le titulaire du MENFP a mis l’accent sur la nécessité, l’importance et l’urgence de transformer l’éducation haïtienne.
Malgré les nombreuses contraintes structurelles, a confié au journal, « je plaide pour une réforme en profondeur, capable, dans une démarche dialectique de rendre le système éducatif plus apte à répondre aux besoins d’une société en pleine mutation, tout en soutenant sa quête de progrès économique, social et culturel», a expliqué le ministre.
Visiblement, cet effort de refondation de l’école repose essentiellement sur une meilleure gouvernance du système éducatif. D’où cette opération d’accréditation des écoles prenant en compte, notamment, la distribution de ces « Permis » qui renouvellent et renforcent, en même temps, le partenariat entre le Ministère et le secteur privé de l’éducation, selon les propos du Ministre Augustin ANTOINE.
Cette initiative s’inscrit pleinement dans les grandes orientations stratégiques d'un plan Décennal de l'Éducation et de la Formation (PDEF, 2020-2030), ainsi que dans Les prescriptions de la Politique Nationale d’Accréditation des Écoles Privées (PONAEP) et du Manuel de Gestion de l’Accréditation des Écoles Privées (MGAEP).
Par ailleurs, dans sa noble quête d’assainir un système éducatif depuis longtemps livré à lui-même, le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), animé d’une ardeur administrative sans faille, poursuit, avec un zèle tout à fait remarquable, ce vaste chantier d’accréditation des écoles privées, véritable opération de régulation aux allures de croisade bureaucratique.
À en croire les discours bien rodés, il ne s’agirait pas simplement d’un partage de papiers timbrés, mais d’une démarche nationale visant reconnaissance, encadrement et accompagnement, rien que ça, de tout un secteur éducatif plongé depuis trop longtemps dans une sorte de flottement institutionnel.
Désir et servir
Et comme pour rassurer les plus sceptiques, Walex PIERRE, Directeur d’Appui à l’Enseignement Privé et du Partenariat, est venu brandir les quatre piliers sacro-saints de la PONAEP, parce que, bien sûr, toute bonne réforme commence par des piliers. Yo
Il s’agit, sans surprise : d'infrastructure et la sécurité (ce qui n’est pas un luxe dans un pays où l’école peut s’effondrer avant la fin de l’année scolaire); de la pédagogie et la qualité de l’enseignement (un objectif toujours d’actualité, surtout quand les manuels datent de l’ère pré-digitale); de la gouvernance et la gestion administrative (avec un soupçon de paperasse pour relever le tout); et enfin, de la participation communautaire et la gestion de proximité, parce que, paraît-il, l’école, c’est aussi l’affaire du quartier.
Quant au Directeur départemental d’Éducation du Sud, Sylvain Jean Désir, il n’a pas manqué de souligner, avec tout le sérieux que requiert la solennité de l’instant, que l’octroi de ces fameux “Permis” ne fait que renforcer la responsabilité des établissements scolaires concernés.
Désormais détenteurs de ces documents officiels, presque sacrés, les directeurs d’écoles auraient, selon ses dires, le devoir sacro-saint de garantir un environnement sain, sécurisé et discipliné, propice à l’épanouissement de l’élève haïtien. Rien que ça !
Mais ce n’est pas tout. Ils devront également veiller au strict respect de normes pédagogiques, à la qualité de l’enseignement dispensé, un vaste chantier en soi ainsi qu’à la collaboration étroite avec les parents et la communauté locale. En somme, une réforme intégrale à portée de signature, ou presque.
Et comme pour prouver que l’élan réformateur du MENFP ne s’arrête pas aux portes du Sud, dans l’après-midi du même 6 octobre, une cérémonie jumelle s’est tenue à l’EFACAP de Miragoâne, où 84 responsables d’écoles issus de 11 districts scolaires des Nippes ont également reçu, non sans fierté, leur " Permis de Fonctionner" et leur "Permis de Diriger", directement des mains du ministre Augustin ANTOINE lui-même, qui semble avoir troqué sa chaise de bureau contre une tournée régionale bien remplie.
À l’occasion, Frantz Yves LÉGER, l’un des adjoints à la Direction Départementale d’Éducation des Nippes, n’a pas manqué de souligner avec emphase l’importance de cette opération, qu’il présente comme l’illustration vivante d’un partenariat engagé entre le MENFP et le secteur privé de l’éducation. L’objectif affiché est de mettre aux normes les écoles non publiques, vaste entreprise s’il en est, dans un contexte national où l’informel flirte volontiers avec l’institutionnel.
Un petit détour en arrière : le vendredi 3 octobre dernier, ce sont 105 responsables d’écoles de l’Artibonite qui ont, à leur tour, reçu les, tant convoités, “Permis ", gravissant ainsi une nouvelle marche vers la respectabilité administrative.
À ce jour, phase préliminaire de cette opération, que l’on pourrait presque qualifier de marathon bureaucratique, a déjà couvert 7 des 10 Directions Départementales d’Éducation. Les trois autres ne devraient pas tarder à être bénéficiaires à leur tour, dans un élan que le MENFP veut inclusif et totalisant.
Et puis…
D’ici la fin de 2025, l’objectif est clair : atteindre 80 % de couverture des établissements privés, avec une promesse bien ficelée d’en finir avec les 20 % restants avant juin 2026. Une ambition de régulation massive, qui, si elle tient ses promesses, pourrait bien redessiner les contours d’un système éducatif longtemps livré à lui-même.
En somme, cette initiative fait montre d'un programme ambitieux, aux fondations théoriques solides, qu'il reste à matérialiser, entre deux grèves, trois crises politiques, et un soupçon d’espoir.
joseph.elmanoendara@student.ueh.edu.ht
&