À moins de quatre mois de la fin de la transition politique en Haïti, le Secrétaire général des Nations unies tire la sonnette d’alarme. Dans son plus récent rapport au Conseil de sécurité, António Guterres met en garde contre la persistance de la violence des gangs et l’absence de calendrier électoral, qui menacent de compromettre le retour à l’ordre constitutionnel prévu pour le 7 février 2026.
Le processus politique haïtien est entré dans sa phase décisive. L’accord de gouvernance transitoire signé en mars 2024 prévoyait le transfert du pouvoir à des représentants élus début 2026. Mais à ce jour, aucun calendrier officiel pour le référendum constitutionnel ni pour les élections n’a été annoncé, rappelle t-il.
Malgré quelques avancées techniques, la violence des gangs continue de freiner toute perspective électorale. La Police nationale d’Haïti, épaulée par la Mission multinationale d’appui à la sécurité, n’a pas encore réussi à reprendre le contrôle total des quartiers dominés par les groupes armés à Port-au-Prince.
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2793, autorisant la transformation de la mission multinationale en une Force de répression des gangs, soutenue logistiquement par un nouveau Bureau d’appui des Nations unies en Haïti.
Le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du BINUH, Carlos Ruiz Massieu, arrivé début août, a intensifié ses rencontres avec les autorités nationales, les partis politiques et la société civile afin de promouvoir un dialogue interhaïtien inclusif et de renforcer la stabilité institutionnelle.
Le Secrétaire général rappelle que « seul un dialogue dirigé et porté par les Haïtiens eux-mêmes » permettra de restaurer durablement la gouvernance démocratique. Il exhorte les acteurs politiques à s’unir pour garantir la tenue d’élections crédibles et pacifiques.
Il souligne également la nécessité d’un engagement concret des autorités à créer des conditions favorables à la sécurité, au fonctionnement de la justice et au renforcement des institutions démocratiques.
António Guterres met en garde contre un vide politique après février 2026, qui pourrait plonger le pays dans une nouvelle phase d’instabilité.
Le rapport décrit une situation humanitaire dramatique. Plus de 1,3 million de personnes sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays, un record historique lié à la recrudescence des violences armées.
Les femmes et les enfants restent les premières victimes de la crise, exposés aux violences sexuelles à l’exploitation et à l’interruption de leur éducation. Le Secrétaire général salue néanmoins l’adoption du plan d’action national sur la résolution 1325 (2000) et la mobilisation croissante des organisations féminines dans les efforts de paix.
António Guterres réaffirme que la réussite du processus haïtien dépendra d’un soutien international soutenu, notamment pour le renforcement de la justice, la lutte contre la corruption et la répression de la criminalité organisée.
Il appelle les États membres à appuyer financièrement et logistiquement la nouvelle force de répression des gangs, à contribuer en personnels et à soutenir les efforts du Conseil électoral provisoire la relance du processus électoral.
Vladimir Predvil