Les chiffres du dernier baccalauréat ne sont pas de simples statistiques : ils sont un cri, une gifle, une tragédie nationale. Deux cent vingt-sept écoles du département de l’Ouest affichent 0 % de réussite. Zéro admis. Zéro horizon. Zéro rêve réalisé. Ce n’est pas seulement un échec scolaire : c’est le miroir impitoyable d’un pays qui abandonne sa jeunesse à l’obscurité.
Comment accepter qu’autant d’établissements, censés éclairer des destins, deviennent des usines à produire de l’échec ? Cette hécatombe n’a rien d’un accident. Elle révèle des plaies béantes : un enseignement mal encadré, des enseignants démunis, des élèves traumatisés par l’insécurité, des parents qui se ruinent pour financer une éducation qui n’ouvre aucune porte. L’école haïtienne, censée être le levier de l’émancipation, s’est métamorphosée en piège à illusions.
Chaque année, des milliers de jeunes s’assoient sur les bancs, entonnent leurs leçons, puis se fracassent contre un mur : celui d’un examen qui juge moins leur savoir que l’incompétence de l’État. Car il faut le dire : l’échec des élèves est d’abord l’échec d’un système, l’échec d’une gouvernance qui choisit le silence pendant que l’avenir se consume. Gouverner, c’est prévoir, affirme-t-on. Mais en Haïti, gouverner semble se résumer à détourner le regard pendant que la maison s’effondre.
Derrière chaque élève recalé, il y a une famille en larmes, une génération amputée, un futur brisé. Et derrière ces 227 écoles à zéro, c’est tout un peuple qui se condamne à l’éternel recommencement de la misère et de la dépendance.
Il est urgent que cette catastrophe cesse d’être une statistique froide pour devenir une cause nationale, un électrochoc collectif. Car, ne nous y trompons pas : un pays qui sacrifie son école s’enterre vivant. Si l’éducation continue de s’effondrer, c’est la société tout entière qui disparaîtra sous ses décombres.
✍️ Lucson CHARLES
Étudiant en journalisme multimédia
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