Un Haïtien candidat au Conseil municipal des immigrants de São Paulo

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Le 5 octobre prochain, la communauté immigrée de São Paulo sera appelée aux urnes pour élire ses représentants au sein du «Conselho Municipal de Imigrantes» (CMI), une structure consultative mise en place par la municipalité afin de renforcer la participation citoyenne des étrangers vivant la commune. Parmi les candidats en lice figure Ancelot Désir, jeune avocat haïtien, qui entend devenir une voix forte pour la diaspora haïtienne et défendre le droit des immigrés.

Les élections du 5 octobre se dérouleront dans un cadre de participation démocratique. Les électeurs éligibles sont des immigrés résidant dans la commune de São Paulo, sans distinction de statut migratoire. Contrairement aux scrutins traditionnels, il n’est pas nécessaire de disposer d’une résidence légale au Brésil ni d’un document officiel délivré par les autorités locales pour participer. Les immigrés pourront voter en présentant un document d’identité de leur pays d’origine, qu’il s’agisse d’un passeport ou d’une carte d’identité.

Le Conseil municipal des immigrants (CMI) ne dispose pas d’un pouvoir décisionnel direct, mais il joue un rôle central dans la formulation et le suivi des politiques publiques liées à l’immigration. Tous les dossiers concernant les immigrés passent par ce conseil avant d’être soumis à la mairie. Il constitue donc une passerelle essentielle entre les communautés étrangères et les autorités locales. Le mandat des élus s’étendra de 2025 à 2027, période durant laquelle ils devront défendre les intérêts des communautés qu’ils représentent.

 Donner une voix à la communauté haïtienne

Dans ses premières déclarations publiques, Ancelot Désir a mis l’accent sur la nécessité pour la communauté haïtienne de s’organiser et de tirer pleinement parti de cette structure participative. Selon lui, malgré leur forte présence dans la ville de São Paulo, les Haïtiens n’ont jamais vraiment profité de l’existence de ce conseil.

« Depuis l’existence de ce conseil, j’estime que la communauté haïtienne ne connaît et surtout ne profite pas d’une telle structure. En tant que jeune avocat qui vit dans cette commune, je trouve nécessaire de faire savoir à mes compatriotes qu’il existe un organe qui travaille en leur faveur », a-t-il déclaré.

Il a souligné les difficultés spécifiques rencontrées par les Haïtiens, surtout en ce qui a trait aux voyages, où beaucoup se retrouvent victimes d’arnaques d’agences. Il estime que sa présence au CMI constituerait un atout pour mieux défendre les droits des membres de sa communauté. « Avec moi, la communauté haïtienne aura un représentant direct, un porte-parole capable de défendre ses intérêts auprès de la municipalité », a-t-il ajouté.

Désir a également rappelé que les Haïtiens constituent la quatrième plus grande communauté immigrée de la ville. Selon lui, cette force démographique, si elle est mobilisée, peut permettre aux Haïtiens de peser davantage dans les débats locaux. « C’est vrai qu’il y a d’autres nations immigrées, mais si nous nous mettons ensemble, nous avons l’opportunité d’élire un représentant direct dans la mairie », a-t-il insisté.

Né à Port-au-Prince, Ancelot Désir est connu sous le nom de « Désir Legrand » sur les réseaux sociaux. Il a effectué ses études secondaires au lycée Alexandre Pétion, avant de boucler la Terminale au lycée Anténor Firmin. De 2013 à 2016, il a étudié le droit à la Faculté de droit et des sciences économiques de Port-au-Prince, mais il a dû interrompre son cursus après avoir quitté Haïti.

Le 12 janvier 2016, il a émigré pour la première fois au Brésil, peu après il est rentré au Chili, où il a passé deux ans, avant de s’installer définitivement au Brésil en 2019. C’est dans ce pays qu’il a poursuivi ses études universitaires. Diplômé en droit de l’Université Fédérale du Rio Grande do Sul (UFRGS) en août 2025, il a également étudié l’histoire à l’Université Fédérale de la Frontière Sud (UFFS) entre 2019 et 2020, mais il n'a pas bouclé le cycle d'étude pour se consacrer à l'étude du droit, son rêve de toujours.

Au fil de son parcours, il a développé une profonde sensibilité pour les questions liées aux droits humains et à la migration. Il affirme que son engagement découle d’un migrant confronté aux difficultés d’intégration, et celle d’un juriste conscient des leviers institutionnels à activer pour faire avancer les causes collectives.

Une vision pour l’avenir de la diaspora

Ancelot Désir considère que l’une des grandes faiblesses de la communauté haïtienne au Brésil réside dans son manque d’organisation collective. Alors que d’autres communautés immigrées parviennent à s’unir pour défendre leurs intérêts, les Haïtiens, selon lui, restent trop dispersés et concentrés sur leurs préoccupations individuelles. « Tout groupe de migrants est plus fort lorsqu’il est organisé. C’est ce que je souhaite impulser à travers mon élection », a-t-il déclaré.

En se présentant aux élections du Conseil municipal des immigrants, il espère amorcer un changement profond dans la manière dont les Haïtiens perçoivent leur rôle citoyen au sein de la société brésilienne. Pour lui, l’enjeu dépasse largement sa candidature personnelle : il s’agit d’ouvrir un espace de représentation et de dialogue durable entre la communauté haïtienne et les autorités municipales de São Paulo.

Avec un mandat allant de 2025 à 2027, il ambitionne de transformer le CMI en un véritable relais pour les besoins et aspirations des Haïtiens, qu’il s’agisse de l’accès à l’emploi, de la régularisation migratoire ou encore de la lutte contre les discriminations. Sa candidature illustre ainsi une volonté de renforcer la visibilité et l’influence de la diaspora haïtienne au Brésil, en lui offrant une voix officielle dans les instances municipales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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