Entre janvier et novembre 2025, plus de 240 000 Haïtiens ont été rapatriés depuis la République dominicaine. Parmi eux figurent 982 femmes enceintes, 2 800 nourrissons, 3 343 enfants non accompagnés et 1 242 personnes en situation de handicap, selon le bilan annuel présenté le mardi 16 décembre 2025 par le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR).
L’activité migratoire entre Haïti, la République dominicaine et d’autres pays de la région a été très mouvementée durant l’année 2025. Elle a été particulièrement marquée, d’une part, par de nombreux défis avec le durcissement de la politique migratoire de l’administration Abinader, notamment avec l’application d’une quinzaine de mesures à l’encontre des ressortissants haïtiens en situation irrégulière d’autre part, par la fin du programme « Humanitarian Parole » et du Programme de Statut Temporaire par le président Donald Trump.
Les expulsions en provenance de la République voisine ont largement augmenté cette année par rapport à la précédente. Si 181 121 ressortissants haïtiens ont été déportés en 2024, 242 655 ont été expulsés cette année. Parmi ce chiffre édifiant, on compte 160 304 hommes, 59 965 femmes, 10 263 fillettes et 12 123 garçonnets.
Les groupes les plus vulnérables n’ont pas été exempts de cette vague de rapatriements. Parmi l’effectif total se retrouvent 982 femmes enceintes, 2 800 nourrissons, 273 femmes ayant subi une intervention chirurgicale, 3 434 mineurs non accompagnés d’un parent ou d’un proche et 1 241 personnes en situation de handicap.
Nombre de pays de la Caraïbe et du continent américain ont expulsé des citoyens haïtiens de leurs territoires en 2025, toujours selon les révélations du Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés. Les États-Unis d’Amérique ont renvoyé 1 159 Haïtiens, tandis que les Bahamas en ont déporté 138, la Jamaïque 147, les Turks and Caicos 2 880. Ce qui donne un total de 247 482 rapatriements pour l’année.
Le responsable de communication du GARR, Stenley O. Doriscat, lors de la présentation de ce rapport, a dénoncé les conditions infrahumaines dans lesquelles s’effectuent ces déportations, soulignant que ces compatriotes ont fait l’objet de maltraitances physiques, de violences psychologiques et morales. Les agents de la migration dominicaine ont procédé à des intrusions nocturnes dans les résidences des Haïtiens. Ces agents ont séparé les familles en emportant soit les parents, soit les enfants, ou l’inverse, et détruisent parfois leurs documents.
« L’année 2025 a été marquée par de nombreux défis sur le plan migratoire, des violations des droits des migrants, l’irrespect des protocoles et conventions relatifs au processus de rapatriement et l’incapacité criante des autorités haïtiennes à répondre aux besoins humanitaires des migrants rapatriés », a déclaré M. Doriscat.
Toutefois, il estime que l’année 2026 pourrait être compliquée pour les Haïtiens séjournant en terre étrangère, en raison des mesures migratoires instaurées par les chefs d’État et de gouvernement de certains pays. Ainsi, le défenseur des droits humains invite les autorités haïtiennes à soutenir ces compatriotes vivant à l’étranger, tout en renouvelant l’engagement de la structure à défendre les droits des migrants. Il plaide en faveur d’un soutien financier à la structure afin de continuer à desservir les nécessiteux.
De son côté, la coordinatrice du GARR, Katia Bonté, dresse un sombre tableau de la situation des déplacés internes, notamment des ressortissants haïtiens vivant à l’étranger, tels que les États-Unis, la République dominicaine, le Brésil, le Chili et le Mexique. Elle indique que, dans l’autre pays partageant l’île, les mauvais traitements infligés aux migrants haïtiens les poussent à s’adonner à des homicides volontaires, rappelant que les données de l’Institut haïtien de statistique révèlent que 16,62 % des Haïtiens figurent parmi le nombre d’homicides recensés pour l’année 2024.
Sheelove Semexant
