Réuni le jeudi 9 octobre 2025, le Conseil des ministres a officiellement pris la décision de dissoudre le Comité de pilotage de la Conférence nationale. Retour sur la mission, les réalisations de cette instance installée un peu plus d’un an auparavant.
En effet, le Conseil présidentiel de transition avait procédé, le vendredi 23 août 2024, à l’installation officielle des membres du Comité de pilotage de la Conférence nationale à la Villa d’Accueil. La cérémonie s’était déroulée en présence du ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Carlos Hercule, ainsi que de plusieurs personnalités de la vie nationale.
Dans son intervention, le président du Conseil d'alors, Edgard Leblanc Fils, avait souligné l’importance de cette Conférence nationale dans le processus de stabilisation politique du pays. Il avait précisé que cette initiative devait permettre d’adopter des résolutions stratégiques en vue d’élaborer des textes normatifs et d’orienter trois chantiers majeurs : la révision de la Constitution, la définition d’un nouveau projet de société pour la refondation d’Haïti et la refonte des relations entre l’État et la société. Ces travaux visaient notamment à renforcer la collaboration avec la société civile, les partis politiques et à promouvoir des réformes structurelles de grande envergure.
Nommé président du Comité de pilotage, Enex Jean-Charles s’était engagé à œuvrer dans l’intérêt national et à contribuer au rétablissement du tissu social, tout en se gardant des influences partisanes. Le décret officialisant la création du Comité et la nomination de ses membres avait été publié dans Le Moniteur le 25 juillet 2024.
Ce texte visait à offrir un espace de dialogue réunissant associations, organisations et groupes d’intérêts autour des grands défis nationaux. Outre Enex Jean-Charles, le Comité comptait parmi ses membres Joram Vixamar, Amary Joseph Noël, Pierre Antoine Louis, Norah Jean François, Widline Pierre, Gédéon Charles et Christine Stephenson.
Leur mission consistait à organiser un forum national pour débattre des principaux enjeux du pays, notamment la réforme du système judiciaire, la redéfinition des circonscriptions territoriales, la réorganisation des partis politiques et la modernisation des institutions publiques.
Le 12 novembre 2024, le Comité de pilotage avait lancé officiellement ses travaux à l’hôtel Karibe, en présence de ses membres et partenaires. L’accent avait alors été mis sur le groupe de travail constitutionnel, chargé de proposer une révision adaptée aux réalités du pays et aux recommandations des différents secteurs organisés. Concernant l’organisation des élections, le Comité s’était toutefois déchargé de toute responsabilité, estimant que cette tâche relevait exclusivement du gouvernement et du Conseil électoral provisoire (CEP).
Dans une correspondance datée du 28 août 2025, Enex Jean-Charles avait transmis au Conseil présidentiel de transition le projet de nouvelle Constitution et le rapport de travail du Comité. Il avait affirmé que ce document constituait une base solide pour sortir Haïti de la crise politique et institutionnelle persistante. Il avait toutefois reconnu les difficultés rencontrées dans l’accomplissement du mandat, évoquant l’insécurité, les contraintes logistiques et l’impossibilité de se rendre dans certaines zones du territoire.
« Nous avons travaillé dans un contexte où les déplacements n’étaient pas toujours possibles. Dans certains endroits où nous souhaitions aller pour dialoguer, nous n’avons pas pu. Mais nous avons atteint ceux que nous pouvions et fait ce qui était à notre portée », avait-il déclaré.
Soulignons que la Conférence nationale et son Comité de pilotage n’auront pas survécu à la décision du Conseil des ministres du 9 octobre 2025, qui a acté leur dissolution. Une mesure qui met fin à une expérience institutionnelle amorcée dans l’espoir de bâtir un consensus national durable.
Vladimir Predvil