L'adoption de la résolution 2793 (2025) par le Conseil de Sécurité des Nations unies, le 30 septembre, autorisant la transformation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en une Force de Répression des Gangs (FRG), est perçue comme un tournant crucial pour Haïti. Si cette décision, appuyée par les États-Unis et le Panama, a été largement saluée par la communauté internationale et le gouvernement haïtien, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) appelle à une vigilance accrue. Pour le CARDH, cette étape internationale doit impérativement être complétée par un engagement réel et des mesures structurelles de la part des autorités haïtiennes pour garantir une solution durable à la crise sécuritaire.
En effet, le CARDH rappelle que la résolution onusienne elle-même stipule qu'il incombe au premier chef, au Gouvernement d’Haïti, d’assurer la sécurité et de s'attaquer aux causes profondes de l’instabilité. Il s'agit notamment de lutter contre la corruption endémique, d'entreprendre des réformes fondamentales de la gouvernance et de contrôler le flux d’armes illégales. «l L'organisme met en garde contre la répétition des échecs passés, où des forces internationales ont été déployées sans que le problème ne soit résolu.
« L'efficacité de la nouvelle FRG, qui peut largement aider à contenir la criminalité, est donc conditionnée à la prise de mesures nationales pour renforcer durablement les forces de sécurité police et armée et les institutions concernées. », lit-on dans la note de CARDH.
Face à ce défi, le CARDH a émis des recommandations pressantes. Aux acteurs de la coopération internationale, il est demandé de doter la FRG de moyens financiers, matériels et humains adéquats, de définir des mécanismes d’observations mesurables clairs et de renforcer sans délai les actions des forces de sécurité nationales pour prévenir une réorganisation des gangs durant la transition.
De plus, les partenaires sont encouragés à associer la société civile à cette démarche. Quant aux dirigeants haïtiens, Conseil présidentiel de transition/gouvernement, l'urgence est de d'adopter un plan de sécurité national structuré et d'accorder à la PNH et aux FAD'H les moyens nécessaires pour devenir de véritables forces de sécurité autonomes.
Le CARDH souligne que toutes les actions internationales doivent s’inscrire dans ce cadre de renforcement national, sans quoi la nouvelle mission risquerait de n'être qu'une dépense coûteuse sans impact durable.
Vladimir Predvil