Les écoliers paient au prix fort la violence des gangs

Ces dernières semaines, les exactions des gangs se sont multipliées au niveau de la zone métropolitaine. Le Centre-ville de Port-au-Prince est devenu de plus en plus impraticable. Nazon et Christ-Roi sont les nouveaux quartiers envahis par les groupes armés. Les institutions scolaires en paient énormément les frais de ces actes de banditisme. Certains établissements scolaires renvoient leurs écoliers sans savoir quand ils doivent retourner en salle de classe, d’autres prennent l’initiative de continuer de travailler en ligne. Durant cette semaine, les bandits ont enlevé au moins deux enfants.

Suite à la terreur semée par les groupes armés dans certains quartiers, des parents sont contraints d’abandonner leurs domiciles. Pour ces trois premiers jours de ce mois de mars, au moins deux écoliers avaient été enlevés. À Turgeau, un rapt s’est produit ce jeudi 2 mars, au moment où un père emmenait sa fille à l’école. Ce vendredi 3 mars 2023, l’ancien inspecteur général de la Police nationale, Frantz Sébastien Jean Charles ainsi que sa petite fille ont été enlevés devant les locaux du collège Saint Jean L’évangéliste à Turgeau.


 

Parallèlement, plusieurs établissements scolaires ont dû fermer leurs portes cette semaine, suite à l’incendie du sous-commissariat de Fort-Jacques (commune de Pétion-Ville), ce jeudi, par des individus lourdement armés. Une panique totale a régné, provoquant un dysfonctionnement total des activités dans cette zone et d’autres quartiers avoisinants. Un responsable d’école dans la commune de Kenscoff, qui n’a pas voulu indiquer son nom, raconte qu’il y a un effectif réduit dans l’institution qu’il dirige puisque les écoliers des quartiers de Fort-Jacques et d’une grande partie de la localité de Fermathe ne viennent plus à l’école comme auparavant. Cela est dû à cause des actes de violence qui se répètent dans ces zones, autrefois réputées calmes, dit-il! « Des hommes armés ont assassiné, le lundi 27 février, un chauffeur de camion tout près du Collège baptiste de Fermathe. C’est triste de voir comment les bandits opèrent à Kenscoff et à Fermathe ces dernières semaines.  La police de la juridiction est totalement impuissante », a-t-il soulevé. Au niveau du Centre-ville, l’insécurité bat son plein, après Martissant, les résidents de l’avenue Poupelard, Nazon, Solino et Delmas 30 ont dû fuir leurs maisons pour s’échapper de cette terreur qui est occasionnée par ce récent affrontement entre les Gangs de la fédération du G9 et les hommes armés de Bel-Air. Les riverains abandonnent les quartiers sans même savoir où aller. « Grands et petits, même les vieillards ne sont pas épargnés des balles des bandits », a fait savoir un témoin sur place.

 

Selon le haut-commissaire des Nations unies, c’est au total 500 000 enfants qui vivent dans des situations difficiles et ne peuvent pas aller correctement à l’école. D’après un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’Enfance (UNICEF) : « Au cours des quatre premiers mois de l’année scolaire (d’octobre à février), 72 écoles auraient été prises pour cible, contre huit au cours de la même période l’année dernière. 

 

Durant les six premiers jours du mois de février, 30 écoles avaient été fermées en raison de la montée de la violence dans les zones urbaines ». Bruno Maes, le représentant de l’UNICEF, a également fait ce constat : « En Haïti, les écoles ont toujours été considérées et respectées comme des lieux sûrs, mais au cours des derniers mois, elles ont été prises pour cible ». 


 

Oberde Charles

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES