Les perspectives demeurent floues. L’horizon politique, plus brumeux que jamais, interpelle.
Le Conseil présidentiel de transition (CPT) vient de renoncer à deux des grands axes qu’il avait proclamés : la Conférence nationale et la réforme constitutionnelle. Le poids même de l’attelage politique que forme cet Exécutif a paralysé plusieurs mandatures au sein de la présidence tournante, qui n’a fait que tourner sur elle-même.
La feuille de route de la transition, réduite depuis longtemps à un simple billet de bonnes intentions, peine à se concrétiser. Les difficultés s’accumulent : querelles de cabinets, luttes d’influence, batailles de clans. Le départ de Gary Conille n’a pas apaisé les tensions. La mentalité de gladiateurs qui domine la scène politique reste une constante désastreuse pour un pays déjà en faillite institutionnelle.
Quoi qu’il en soit, le CPT est parvenu à présenter un budget fixant pour priorités le rétablissement de la sécurité et la relance économique. Une sécurité qui, toutefois, ne rassure pas encore, malgré les progrès notables d’une Police nationale courageuse, qui tente de faire bouger les lignes de front. Mais entre les intentions et les résultats, les obstacles se multiplient. Les gangs maintiennent la pression et n’ont nullement l’intention de céder. Ce ne sont ni les bonnes intentions ni les menaces sans suite qui les pousseront à renoncer à leur « accumulation primitive » de richesses.
Dans un pays fragmenté par la peur, la misère et les rivalités politiques, aucune transition ne tiendra sans un pacte minimal autour de trois urgences : désarmer les gangs, relancer l’économie et rétablir la confiance nationale. Ce n’est qu’en conjuguant une stratégie de sécurité crédible, un engagement politique sincère et une gouvernance responsable que le pays pourra sortir du cycle de l’improvisation et retrouver le chemin de la stabilité et de l’espérance.
Roody Edmé