Publié initialement dans Le Cœur incandescent (Éditions Choucoune, 1996), révisé en août 2025, le poème “Envoûtement” s’élève comme une invocation. Entre prière sacrée et cri d’amour désespéré, Envoûtement œuvre de Christophe Philippe Charles dit Christophélès convoque la figure de la déesse pour traduire le vertige du désir et la quête de l’éternité.
Dans ce texte, il faut l’ écrire d’entrée la passion devient une ferveur mystique où la chair et l’âme s’entrelacent. Dès les premiers vers, le poème adopte le ton de la liturgie : « Je vous salue déesses pleines de grâce ». L’écho biblique, détourné vers le champ du désir charnel, donne au texte une force singulière. L’auteur, Christophélès sacralise la femme, en fait une divinité incarnée dont le corps devient temple, et dont le sourire se transmue en élixir. L’amour s’y exprime dans une langue à la fois solennelle et sensuelle, où l’hymne remplace l’aveu.
Entre désir et désespoir
L’intensité des images traduit une tension constante entre la fascination et la douleur. Le poète se dit « sauvage », prêt à « hurler son désespoir » face à la distance qui sépare le rêve de la réalité. L’érotisme, jamais trivial, s’exprime par métaphores : gorges comparées à un eldorado, hanche rythmique et divine, prunelles lumineuses. La femme n’est pas réduite à un simple objet de désir, elle est une énigme, une promesse, une éternité insaisissable.
Une quête de l’absolu
Écrit en 1986, puis publié une décennie plus tard, Envoûtement poème de Christophe Philippe Charles témoigne d’une jeunesse brûlante où le lyrisme tutoie la ferveur mystique. La révision récente de 2025 n’enlève rien à sa puissance originelle : elle souligne au contraire l’intemporalité de cette recherche d’un amour total, fusionnel, quasi divin. Ce poème s’inscrit dans une tradition où l’amour devient absolu, où le corps féminin est magnifié, et où la parole poétique devient cri, offrande et prière. Le National publie pour ses lecteurs l’ intégralité du poème : Envoûtement. Bonne lecture.
ENVOUTEMENT
Je vous salue déesses pleines de grâce
Le désir est avec vous
Et l’amour nourri dans vos entrailles
Est béni
Je tends les bras vers vous
Ô déesses
Vers vos corps chatoyants
Comme le désir
Offrez-moi la beauté de vos prunelles
Et l’élixir de vos sourires ô déesses
Offrez-moi le paradis de votre tendresse
Ô grâces callipyges
Je voudrais comme un sauvage
Hurler mon désespoir
Impossible fureur
Cri ardent de mes yeux
Dans mes rêves l’eldorado de vos gorges
Je voudrais ô déesses je voudrais
Le rythme pur de votre hanche apprivoiser
Je voudrais ô déesses je voudrais … l’Éternité
17 décembre 1986
(Le Coeur incandescent, Editions Choucoune, 1996), révisé 12 août 2025.
Schultz Laurent Junior