Et si Dieu était un homme, il s’appellerait Chedelet Guilloux !

Qui ne connait pas ton nom, peut-être, j’ai déjà rencontré ton regard humaniste; peut-être, je t’ai vu mimer sur une scène de théâtre; là où tu t'exprimes avec ardeur tout le sens de ton engagement pour la vie et pour la poésie. Dans ta posture d’acteur, mon frère, tu interprètes souvent des sens à travers des personnages qui nous plongent dans des réflexions profondes à notre existence.

Toi, Chedelet Guilloux, toi qui as traîné ta vie dans tous les coins et recoins du pays, toi qui as roulé ta bosse dans toutes les activités culturelles avec pour leitmotiv, le savoir en partage, tu vas nous manquer. Quand je redéploie ton livre de vie, je lis dans ses pages, une prière pour l'émancipation d'une société nouvelle. Tu étais, mon ami, le professeur attaché à la formation de la jeunesse du pays. Je revois ta silhouette se découper dans les matins glacés de la commune des Verrettes, ville où planent éternellement les beaux restes du président d’Haïti Dumarsais Estimé, connu pour l’âge d’or du tourisme en Haïti. Je te revois, Guilloux, arpenter les rues du pays intérieur : Gonaïves, Saint-Marc, Mirebalais, Jérémie, Dame-Marie, Les Cayes. Tes pas vont manquer à ces voies publiques.

Professeur Guilloux, toi qui as passé, son temps à préparer des échantillons de jeunes capables de prendre la relève, pour le futur du pays. Malheureusement professeur, tu n'as pas pu voir éclairé sur le mur bleu à l’aube des matins le soleil du changement social que tu espères pour ce pays. Je me rappelle professeur que l'idée d'une transformation sociétale a été toujours dominante toutes les prises de tes paroles. Mon ami frère, pourquoi tu nous as abonnés au milieu des chemins tracassants? Professeur, toi qui aimes tous leurs amis et toutes leurs amies sans force côté, tu nous laisses à présent, sans une lueur d'espoir. Car, nous n'avons pas certains que les jours viennent seront meilleurs.

Professeur Guilloux! Toi qui a été contribué, dans mes premières formations préhomme au lycée Jacques Stephen Alexis des Verrettes, en 2017, l'année où j'ai fait ma classe de philosophie.

Oh, professeur ! Tu nous as laissé trop tôt. Tu viens de nous quitter, subite, dans un contexte où le pays est fissuré, en tout lieu et sous toutes les formes de la géométrie des vents écrasés. Pour le peuple que tu as toujours défendu, ces vents-là sont incontrôlables. Mais toi, jusqu’à la versée de ton souffle, tu les penses autrement.

Toi, mon ami ! Toi qui aime baissé sur ton passage, les fleurs avec autant de sensibilités humaines, sans aucune prétention de poète, comme un collier madioque attaché au cou d'un bébé, tu portes toutes les fragilités du pays dans tes yeux, de même que 1806 ; 2015 pour nous, a été un drame national d'un engagement historique patriote.

Toi mon mentor, toi qui aimes dialoguer ouvertement, avec quiétude d'esprit et de sens critiques émouvant, tu as  toujours  posé des questions philosophiques très pertinentes liées aux existences du peuple haïtien et à la paysannerie haïtienne en particulier. Par contre, tu as toujours cru en l’émergence d'une société meilleure où l’égalité des droits et des chances seront possibles pour tous.

Je me souviens, en 2017, c'est toi qui  premier, a attiré mon attention concernant un  éventuel « effacement forcé de la paysannerie haïtienne », lors d'une causerie ouverte et très passionnée sur la vie caricaturale des habitants des zones rurales d’Haïti. Nous étions plus d'une trentaine d'élèves sur la cour du lycée. Professeur Guilloux, je me souviens ! Alors, sept (7) ans après, ce pays vit une mutation précaire. Il s'est effondré jusqu’au cœur de notre indifférence. Chaque jour, nous comptons des cadavres de toutes sortes. Les déplacés se multiplient de plus en plus en grand nombre, partout, à Port-au-Prince. Entre-temps, le projet de l'instabilité sociopolitique continue son chemin considérablement sous le mépris des traîtres nationaux. La nation haïtienne de son côté ne sait pas à quel Saint se vouer.

Professeur Guilloux, voilà dans cette situation critique que, tu viens de prendre son congé pour l’Orient éternel, en laissant derrière toi, toute une panoplie d'élèves, d'étudiants et d'amis.es avec une douleur horrible et inguérissable. Alors,  tu t’appelles tout le temps, le jeune conscient panafricain Kemi Séba, « Camarade », je sais quand même que tu as su le poids de ce mot. Bien sûr, « un joli nom » (pour ceux qui luttent), disait le Poète-Chanteur-interprète Jean Ferrat. Mais pour nous, les descendants d’Anacaona et de Dessalines, tu es un héros qui reste à jamais, gravé, dans la mémoire collective des exploités du pays.

Toi professeur, tu es un modèle pour la jeunesse haïtienne consciente. Je dis bien, professeur « la jeunesse consciente » de ce pays! Pour Manno Charlemagne que tu aimes et critiqué à la fois dès son vivant : cette jeunesse-là n'est pas innocente. Cette dernière, doit être prendre, entre autres, toutes formes de risques possibles afin d'amener Haïti sur la voie de l’inclusion sociale.

Tu sais, mon ami ! Tu nous as laissé sans une autre dynamique, sinon ton dernier post sur Facebook, en disant que : « Pa janm kite pyès moun leve men sou nou », une phrase qui crache de l'angoisse en nous rappelant bien, le drame de 2015, l'année où ta douleur commence, bien évidemment, avec les enfants de salauds ( Les Phtkistes au pouvoir). C'est ainsi que, les séquelles de leurs maltraitances qui arrivent à causer ton départ forcé de manière très surprenante aujourd’hui, en pleine d'impuissance et de mutation sociale. 

Vas mon grand ! Poursuis ton départ vers la tranquillité éternelle. Si Dieu était un homme, il appellerait Chedelet GUILLOUX !

Tu restes à jamais, gravé, dans notre mémoire de combattante, spécialement, celle de la promotion « NOVA » du lycée Jacques Stéphen Alexis des Verrettes. Sauvetage !

 

Frantzley Valbrun

valfrantz@yahoo.com

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