« La seule manière de rester en vie, c’est d’écrire, de témoigner », dixit l’écrivain et éditorialiste haïtien Gary Victor

L’écrivain et éditorialiste du journal Le National Gary Victor a été victime de la fureur méchante des gangs armés à Carrefour Feuilles. Son domicile a été incendié. Dans un article publié dans un journal au Canada , l’auteur de « La chorale de sang » a fait savoir que la seule manière de rester en vie c’est d’écrire et de témoigner.

« Il faut témoigner, quand l’ignorance, la méchanceté et la bestialité s’installent dans toutes les allées d’une société. C’est la seule chose à faire, et je pense qu’on sauvegarde ainsi ce qu’il y a d’humain en nous » a dit  Gary Victor, auteur du roman « Le violon d’Adrien »  fraîchement sorti en Amérique du Nord et en Europe. La maison d’édition Mémoire d’Encrier avait tiré la sonnette d’alarme pour attirer l’attention des autorités publiques que Gary Victor était en danger comme d’autres personnalités artistiques  et comme tous les autres membres de ce quartier. Comme toujours l’impensable allait être arrivé .Le quartier de Carrefour-Feuilles est assiégé par des gangs armés depuis le mois d’août. Situation déplorable d’autant que Gary Victor, l’écrivain le plus lu d’Haïti, est le chantre de ce quartier des classes moyennes, qui a une place importante dans son œuvre. Son dernier livre  «  Le violon d’Adrien », paru récemment en Amérique du Nord et en Europe, se déroule dans ce quartier bien connu de Port-au-Prince.

« À Mémoire d’encrier, nous ne savons pas comment réagir face au malheur qui s’abat sur toute une population. Peut-être qu’une pensée ou un mot à Gary pourrait aider à voir plus clair dans ces chemins ténébreux qui endeuillent la population haïtienne. Comment dire courage? Comment dire tendresse? Comment dire demain en Haïti? Quelqu’un aurait peut-être l’art et les mots. En attendant ce magicien heureux, mon cher Gary, mon vieux frère, tu n’es pas seul, et quelque part, tes livres nous rassemblent. Tant mieux »  a écrit Mémoire d’Encrier.

Dans une pétition lancée par Gary Victor et Delano Morel dans le courant du mois d’août , les deux signataires avaient dénoncé la passivité des pouvoirs publics  et appellent la population à se mobiliser « Depuis plusieurs semaines le Sud-ouest de la Capitale, en particulier Carrefour-Feuilles, subit les intimidations et les assauts continus de bandes armées. Le  dimanche 13 août, ces bandits ont lancé une attaque massive sur les résidents de Carrefour-Feuilles à partir du quartier de Savane Pistache avec pillages, exécutions sommaires, viols, incendies  occasionnant le déplacement de plus d’une dizaine de milliers de personnes. Ces exactions ne font qu’allonger la liste déjà trop longue des autres massacres perpétrés dans divers quartiers et communes du département de l’Ouest et des autres départements.

Nous tenons à rappeler que Carrefour-Feuilles et le Morne l’Hôpital livrés aux gangs provoquera irrémédiablement  la perte rapide de ce qui reste de l’aire métropolitaine et des régions avoisinantes non encore sous le joug des bandes armées avec des chemins ouverts vers les villes  importantes du Sud-Est comme Anse-à- Pitre, Marigot, Cayes-Jacmel et Jacmel.

Combien de centaines de nos femmes et de nos enfants doivent être encore violés, exécutés, brûlés avant que les pouvoirs publics ne mettent tout en œuvre pour en finir avec la peste des gangs et de leurs commanditaires ?

Au moment, où nous finalisons cette déclaration, nous apprenons que d’autres quartiers de Port-au-Prince sont sous le feu de bandes armées.

Nous dénonçons le silence et la passivité des autorités face au drame des familles et exigeons du Gouvernement haïtien qu’il mobilise toutes les ressources nécessaires au sein de l’État, en vue de  permettre  à la Police nationale et aux Forces armées d’Haïti, dans une action coordonnée avec la population, de mettre fin à la violence aveugle et sauvage des gangs armés sur l’ensemble du territoire national. »

 

Schultz Laurent Junior

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