De nombreuses femmes haïtiennes de France meurent encore aujourd’hui du cancer du sein, souvent dans le silence et la solitude. Face à la montée vertigineuse des cas, des voix se sont levées : des femmes battantes, des mères, des sœurs, des filles décidées à briser les tabous et à faire de la prévention un réflexe vital.
Depuis plusieurs années, des associations communautaires se mobilisent comme des phares dans la nuit, éclairant la conscience collective et redonnant sens à la solidarité. En 2025, c’est l’association Prom’Vie qui porte cette flamme, en organisant la troisième édition du Ruban Rose, un événement devenu symbole d’unité et de résilience au sein de la diaspora haïtienne de France.
À Paris, la communauté haïtienne s’est teintée de rose, le rose comme étendard et la vie comme promesse. Au cœur de cette soirée du 25 octobre 2025, le ruban rose s’est fait flamme : symbole d’un combat collectif où chaque mot, chaque geste, chaque regard peut sauver une vie. Entre larmes, sourires et engagement, cette troisième édition d’Octobre Rose a rappelé que la solidarité, la parole et la bienveillance restent les plus puissantes des thérapies.
Ce samedi-là, Prom’Vie a une nouvelle fois rassemblé cœurs et consciences autour d’une grande soirée dédiée à la lutte contre le cancer du sein, sous le signe de la prévention, de la résilience et de la vie. Dans une salle magnifiquement décorée aux nuances du ruban rose, symbole universel du combat contre la maladie, le public est venu nombreux. Chaque ruban, suspendu ici et là, semblait battre au rythme d’un même cœur collectif : celui de l’espoir partagé. Ce soir-là, l’émotion avait le visage de la solidarité et la douceur d’un serment silencieux.
« Parler du cancer, c’est déjà commencer à le vaincre. »
Fidèle à sa mission, Prom’Vie a fait de cette soirée un rendez-vous du cœur et de la conscience. Professionnels de santé, auteurs, artistes, femmes engagées et anonymes ont uni leurs voix autour d’un message clair et fort : « Parler du cancer, c’est déjà commencer à le vaincre. »
Dans cette atmosphère de chaleur humaine, les rires se mêlaient aux larmes, les mots à la musique, les regards à la reconnaissance. Parmi les invités, la présence du Consul général d’Haïti à Paris a marqué un soutien officiel à cette initiative exemplaire, saluant la capacité de la communauté haïtienne à transformer la douleur en force collective.
Parmi les moments les plus marquants, le témoignage posthume de Sophie Bazile, cousine de l’hôte, a traversé la salle comme un vent d’émotion pure. À travers un reportage, elle a livré, avec pudeur et courage, le récit de son combat contre la maladie — une ode à la vie, à la foi et à la dignité humaine.
« Aucun regard n’est resté sec », confie une participante. Ce moment suspendu a rappelé à chacun que derrière chaque ruban rose bat une histoire de force et de tendresse, et qu’aucune lutte n’est vaine lorsqu’elle est portée par l’amour.
Autre moment d’intense émotion : le témoignage de la fille de Peggy Basile, figure éminente de la communauté haïtienne de France. D’une voix tremblante mais ferme, elle a partagé le vécu de la maladie de sa mère, entre peur, espérance et amour inconditionnel. Ses mots, vibrants de vérité, ont traversé la salle comme une onde de lumière, rappelant que parler de la douleur, c’est déjà lui résister.
Résilience et pouvoir guérisseur de la parole
La lutte contre le cancer est aussi une célébration de la vie, pas étonnant dès lors que la soirée s’est prolongée dans une atmosphère de joie et d’unité. Sous la direction de DJ Jaypee et DJ Bookey, la musique a réchauffé les cœurs et fait danser les esprits. Chaque note semblait chasser un peu d’ombre, chaque chanson résonner comme une promesse. Les prestations d’artistes tels que Kantos Wood (du groupe GAM) et d’autres talents invités ont ajouté une touche festive et humaine à la soirée. Les sourires et les rythmes ont tissé une trame d’espérance — preuve que même au milieu des épreuves, la vie trouve toujours son refrain.
Les exposants et partenaires ont, eux aussi, participé à cette œuvre commune, offrant un espace d’échange et d’écoute. La prévention, ici, prenait le visage de la main tendue et de la parole partagée.
Deux tables rondes thématiques ont donné à la soirée une dimension intellectuelle et humaine. La première, réunissant les auteurs Cottecheese Pierre, Sandrine Lebossé, Cyrille Armand et Céline Clopin, a exploré, à travers leurs ouvrages, les thèmes de la résilience, de la transmission et du pouvoir guérisseur de la parole. La seconde, consacrée aux femmes influentes — Gina Hyppolite, Ducce Blandine, Douarin Nacha Famille, Patricia Princival et Vany Présidente — a mis en lumière la force du collectif et l’importance de la parole féminine dans la prévention et la sensibilisation. Ces échanges riches et sincères ont rappelé que la parole est aussi un remède, et que la solidarité féminine peut être plus forte que la peur.
La troisième édition du Ruban Rose s’inscrit désormais dans la durée, comme une fête du courage et de la vie. Par la qualité des débats, la profondeur des témoignages et la force des émotions, elle prouve que la lutte contre le cancer dépasse la médecine : c’est un acte d’amour collectif, une œuvre de salubrité publique. À travers la parole, la musique, l’art et la solidarité, cette édition a rappelé que chaque geste compte, chaque mot éclaire, chaque sourire peut sauver. Ainsi, de ces rencontres naît une promesse : celle d’un avenir où plus aucune femme ne sera seule face à la maladie.
En trois éditions seulement, Prom’Vie s’est imposée comme un pilier de la sensibilisation au sein de la diaspora haïtienne. Sous l’impulsion d’Olguine, sa fondatrice, l’association continue d’accompagner et de tendre la main à celles et ceux qui luttent. « Un regard, un mot, un geste peuvent redonner du courage à ceux qui souffrent », rappelle-t-elle avec émotion.
Cette troisième édition d’Octobre Rose by Prom’Vie s’achève sur une note d’amour, de lumière et d’espérance. Le ruban rose a brillé une fois de plus, fragile et fort à la fois, comme un fil de vie tendu entre la douleur et l’espérance. Car tant qu’il y aura des voix pour dire la vie, tant qu’une main se tendra vers une autre dans la douleur, le ruban rose continuera de flotter dans nos cœurs comme un souffle d’amour, de courage et d’humanité contre l’ombre du cancer.
Maguet Delva
