2021 : un début identique à celui de 2020

Comme à l’accoutumée, la fête de l’Indépendance donne le coup d’envoi d’une nouvelle année en Haïti. Une fois de plus, elle a été célébrée sur fond de division. L’année 2021 risque de se rapprocher de l’année précédente en termes de bouleversements sociopolitiques.

Afin d’éviter tout affrontement avec les militants de l’opposition, le président Jovenel Moise a boudé la traditionnelle cérémonie organisée chaque 1er janvier aux Gonaïves afin de célébrer la fête de l’Indépendance d’Haïti. La crise politique qui ronge le pays a, pour une deuxième fois, contraint le chef de l’État à organiser la cérémonie au palais présidentiel et au Musée du panthéon national (MUPANAH). Comme l’année dernière, des leaders de l’opposition politique, uniquement, ont pris part aux cérémonies traditionnelles organisées aux Gonaïves à l’occasion de cette date qui marque l’histoire du peuple haïtien.

Pour l’équipe au pouvoir, le 1er janvier est une fête nationale qui mérite d’être célébrée en toute solennité. Selon le Palais national, il serait vain d’entrer dans des affrontements avec ceux et celles qui ne comprennent pas l’importance de cette date pour la nation. Parallèlement, l’opposition politique estime que c’est la volonté de l’équipe du PHTK de fouler aux pieds toutes les dates historiques qui façonnent l’existence du peuple haïtien. Cela prouve qu’Haïti ne se démarque pas des crises politiques de l’année précédente.

À l’approche du 7 février 2021, l’incertitude autour de la fin du mandat présidentiel persiste. Arrivée au pouvoir suite à des élections controversées en 2015 et malgré avoir prêté serment en 2017 Jovenel Moise, n’envisage pas de remettre le pouvoir en février 2021. S’appuyant sur de l’article 134-2 de la Constitution amendée de 1987, l’opposition politique menace de forcer le président à quitter le pouvoir le 7 février 2021. L’année 2021 a aussi démarré sur une crise de carburant. En ce début d’année, le pays fait à nouveau face au phénomène « gallon jaune ». Les autorités annoncent l’arrivée de 165 000 barils depuis le week-end. Pour ce lundi 4 janvier 2021, dans les rares stations où il est possible de faire le plein, la longue file d’attente suffit à faire perdre toute la journée.

En ce qui concerne l’appréciation spectaculaire de la gourde, la tendance tend à s’inverser depuis quelques semaines. Elle peut, en toute vraisemblance, se poursuivre au cours de l’année 2021. Il est évident que la dépréciation de la gourde ou encore la dégradation de l’économie est souvent le corolaire de l’instabilité politique.

L’instabilité politique accroît toujours le niveau de risque en matière économique. En ce sens, Haïti n’est pas à l’abri. Le pays fonce droit vers un autre échec économique conséquence de cette crise politique permanente. Déjà, l’opposition annonce la poursuite des consultations pour une meilleure gestion d’une éventuelle transition, selon les leaders du secteur démocratique et populaire. Un calendrier de mobilisation, disent-ils, sera présenté à la nation le plus vite possible au cours du mois janvier 2021. Pour eux, le combat est permanent. Selon les informations, ils ont déjà invité plusieurs dizaines d’observateurs internationaux, à la mi-janvier 2021, pour suivre le déroulement de la dernière phase de la mobilisation anti-gouvernementale, baptisée : « Mobilisation citoyenne pour le respect de la Constitution ». Cette nouvelle année, comme la précédente, risque d’être très mouvementée.

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