À l’approche du 7 février 2026, date marquant la fin du mandat du Conseil présidentiel de transition conformément au décret du 12 avril 2024, la République d’Haïti se trouve confrontée à un risque élevé de vide institutionnel et de désordre généralisé. Cette échéance, loin d’être un simple repère administratif, constitue un moment décisif pour l’avenir de l’État haïtien, déjà fragilisé par plus de cinq années de crises politiques, institutionnelles, sécuritaires, économiques et humanitaires.
Le constat est aujourd’hui largement partagé au niveau national. Le Conseil présidentiel de transition n’a pas rempli les deux missions fondamentales qui lui avaient été confiées, le rétablissement effectif de la sécurité sur l’ensemble du territoire et l’organisation d’élections libres, honnêtes, inclusives et démocratiques. « L’insécurité persistante, l’expansion des groupes armés, la paralysie des services publics essentiels, l’effondrement de l’activité économique ainsi que la fermeture de nombreuses institutions éducatives, sanitaires et commerciales ont profondément détérioré les conditions de vie de la population. »
Face à ce contexte alarmant, le parti politique Démocrates Engagés pour une Haïti Forte et Inclusive (DEHFI) soumet aux autorités nationales, aux forces vives de la nation et aux partenaires internationaux une proposition de sortie de crise fondée sur la préservation de la continuité institutionnelle, la restauration de l’autorité de l’État et le retour à l’ordre démocratique.
Cette proposition s’appuie sur l’application de l’article 149 de la Constitution du 29 mars 1987, un mécanisme déjà utilisé dans l’histoire institutionnelle récente du pays pour faire face à des crises majeures. Elle prévoit la mise en place d’un exécutif bicéphale, composé d’un Président de la République issu de la Cour de cassation et d’un gouvernement de mission dirigé par un Premier ministre nommé par le Président sur une liste de trois noms proposés par l’Organe National de Sélection, lit-on .
Ainsi, dans une logique de transparence et de reddition de comptes, le DEHFI propose également la création du Conseil d’Évaluation de l’Action Gouvernementale (CEAG), chargé de produire un rapport mensuel objectif, ministère par ministère, évaluant l’action gouvernementale au regard de la feuille de route assignée. « Ces rapports seraient transmis au Président de la République, qui, en concertation avec le Premier ministre, prendrait les mesures correctives nécessaires. En cas de manquement grave impliquant le chef du gouvernement, le Président, en accord avec le CEAG, pourrait révoquer le gouvernement et procéder à la nomination d’une nouvelle équipe exécutive selon les mécanismes établis. »
Le mandat de cette transition serait structuré autour de trois missions prioritaires et indissociables :le rétablissement urgent de la sécurité et de l’autorité de l’État, l’atténuation de la souffrance sociale et humanitaire de la population, et l’organisation d’élections crédibles, inclusives, transparentes et démocratiques.
Vladimir Predvil
