Les États-Unis renforcent la pression sur les élites haïtiennes pour leur soutien aux réseaux criminels. Le Congrès américain a adopté, le mercredi 17 décembre 2025, la loi sur la transparence en matière de collusion criminelle en Haïti, dans le cadre du projet de loi de défense, qui impose des enquêtes et des sanctions contre les concernés.
À la suite de son adoption, le projet de loi a été transmis au président des États-Unis, Donald Trump, pour signature. Il oblige le gouvernement américain à enquêter, à rédiger un rapport et à imposer des sanctions aux élites politiques et économiques haïtiennes ayant collaboré avec des gangs violents. Cette initiative s'étend sur une durée de cinq ans. Cent quatre-vingts jours après sa promulgation, le secrétaire d’État doit soumettre au Congrès une évaluation détaillée des principaux gangs, de leurs dirigeants et de leurs liens avec les élites.
Le rapport est conçu pour mettre en lumière la corruption et doit comporter plusieurs éléments spécifiques : l'identification des gangs ; la liste des élites politiques et économiques haïtiennes ayant des liens directs et significatifs avec ces organisations criminelles ; une explication détaillée des relations entre les élites et les gangs ; l'identification des organisations criminelles impliquées dans le trafic de ressortissants haïtiens et autres vers la frontière américaine ; une évaluation des liens entre les élites haïtiennes, les gangs locaux et les organisations criminelles transnationales, ainsi qu’une évaluation de la manière dont cette collusion menace le peuple haïtien et les intérêts de sécurité nationale des États-Unis.
La loi sur la transparence autorise deux grandes catégories de sanctions contre les personnes étrangères identifiées comme ayant des liens importants avec des gangs criminels en Haïti : les sanctions financières et les restrictions de voyage. Le président est habilité à geler tous les biens et intérêts patrimoniaux appartenant à des personnes sanctionnées si ces actifs sont situés aux États-Unis, y sont transférés ou sont détenus ou contrôlés par une personne américaine, y compris les succursales étrangères d'entités basées aux États-Unis. Cette mesure interdit de fait aux personnes sanctionnées d'effectuer toute transaction financière impliquant des institutions ou des actifs américains.
La loi impose également des restrictions strictes en matière de visas. Les personnes sanctionnées sont considérées comme inadmissibles aux États-Unis et se voient interdire l'obtention de tout visa ou document d'entrée. Pour celles qui possèdent déjà de tels documents, leur révocation immédiate est obligatoire. Cette révocation annule automatiquement tout autre visa ou autorisation de voyage valide qu'elles pourraient détenir.
L’organisation de défense des droits humains Faith in Action International a salué cette législation comme un « tournant potentiel pour Haïti » et a exhorté les responsables américains à appliquer pleinement la loi, y compris des sanctions contre les personnes influentes accusées de financer des gangs.
L'organisation Faith in Action et d'autres groupes de défense des droits affirment que cette législation renforce également l'argumentaire en faveur de la prolongation du statut de protection temporaire pour les Haïtiens aux États-Unis, soulignant que cette loi reconnaît les véritables causes de l’instabilité en Haïti et qu'elle devrait servir de point de départ à une refonte de la politique américaine dans la région afin de soutenir la société civile et une véritable gouvernance démocratique en Haïti.
Il convient de rappeler que le gouvernement américain, bien avant la mise en vigueur de cette loi, a déjà sanctionné de nombreux anciens hauts fonctionnaires de l'État et gelé leurs biens. Parmi eux figurent Joseph Michel Martelly, Antoine Chéramy, Youri Latortue, entre autres, ainsi que des hommes d'affaires comme Réginald Boulos et Dimitri Vorbes.
Sheelove Semexant
