Depuis plusieurs jours, un climat de tension palpable s’installe au sommet de l’État. La relation entre la Présidence et la Primature semble se détériorer, et ce malaise a été confirmé publiquement par le conseiller président Fritz Alphonse Jean. Lors du point de presse tenu en réaction aux sanctions prises contre lui par les États-Unis, il n’a pas mâché ses mots. Selon lui, il serait visé parce qu’il s’oppose fermement au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, qu’il juge incompétent et incapable d’apporter des réponses efficaces aux crises multiples qui rongent le pays, notamment l’insécurité.
Cette sortie laissait croire qu’il parlait au nom du Conseil présidentiel de transition, mais il n’en est rien, selon le coordonnateur du CPT, Laurent Saint-Cyr. Dans une lettre publiée à l’intention des autres membres du Conseil, il clarifie sa position, il s’oppose catégoriquement à toute initiative visant à remplacer le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Pour lui, un tel projet serait imprudent, dangereux et contraire à l’intérêt national.
Selon lui, les tentatives répétées pour provoquer un changement à la tête du gouvernement fragilisent la stabilité déjà précaire du pays. Elles alimentent la méfiance au sein de l’opinion publique, inquiètent les partenaires internationaux et menacent de compromettre les progrès réalisés jusqu’ici.
À un peu plus de deux mois du 7 février 2026, des bouleversements majeurs à l’Exécutif pourraient avoir des conséquences graves. C’est en tout cas l’analyse du coordonnateur du CPT. Selon lui, toute instabilité provoquée à ce stade mettrait en péril les efforts entrepris pour rétablir la sécurité, relancer le processus électoral et redonner espoir à une population épuisée par des années de crise.
Dans son message, Laurent Saint-Cyr insiste sur la nécessité d’unité, de lucidité et de sens du devoir national. Il appelle les membres du Conseil à mettre de côté leurs divergences et à faire passer l’intérêt du pays avant toute ambition personnelle. Pour lui, la transition doit rester concentrée sur des objectifs clairs a savoir rétablir la sécurité, poursuivre le dialogue avec les partis politiques, garantir le financement des élections et finaliser le décret électoral ainsi que le calendrier.
Il se félicite également de petites avancées, notamment sur le plan sécuritaire. Selon lui, les efforts conjoints de la Primature et de la Présidence ont permis un regain de confiance, tant à l’intérieur du pays qu’auprès de la communauté internationale. Il cite, entre autres, la mise en œuvre progressive de la Force de répression des gangs (FRG), un élément central dans la stratégie de lutte contre l’insécurité.
Visiblement, la division gangrène le plus haut sommet de l’État. Le Conseil présidentiel de transition apparaît plus fragmenté que jamais. Entre ambitions personnelles, conflits d’intérêts et visions opposées sur la conduite de la transition, cet organe chargé de ramener le pays vers la stabilité révèle des fissures profondes, à deux mois seulement de la fin de son mandat.
Esdra Jeudy
