Alors que l’insécurité continue de gangrener plusieurs régions du pays, le Conseil électoral provisoire (CEP) maintient le cap vers l’organisation des prochaines élections. Le mercredi 12 novembre, l’institution a annoncé le processus du lancement d’une campagne nationale de sensibilisation, de formation et de mobilisation. Une initiative qui marque un pas vers la tenue d’un scrutin attendu depuis près de cinq ans.
En revanche, les partis politiques sont-ils prêts à s’engager dans cette nouvelle aventure électorale? En ce sens, la rédaction du journal Le National a contacté plusieurs responsables politiques à travers le pays. Le constat est sans appel car la majorité d’entre eux remet en question la faisabilité du processus électoral et exprime de fortes réserves quant à leur participation.
Joint par téléphone, Jean André Victor, leader du parti MOPOD, a exigé le départ du Conseil présidentiel de transition (CPT), affirmant que son parti ne participerait à aucune élection organisée sous son égide. Ce dernier souligne que son parti reste attaché à sa conviction et il n’entrera pas dans ce jeu.
Même son de cloche du côté d’Emmanuel Ménard, ancien directeur de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH), qui rejette catégoriquement l’idée d’élections sous la gouvernance du CPT. « Les conditions ne sont pas réunies pour les élections. Nous prônons une nouvelle gouvernance transitoire», a-t-il martelé.
La date du 7 février 2026 marquera la fin du mandat du CPT ce qui parait quasiment impossible d’organiser des scrutins dans le si peu de temps restant. À deux mois de cette échéance, plusieurs formations politiques plaident pour la mise en place d’une nouvelle transition afin de relancer le processus électoral sur des bases plus solides.
Dans le cadre de la préparation des élections, le CEP a soumis aux partis un avant-projet de décret électoral pour consultation. Dario Siriac, porte-parole de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), a confirmé que son parti avait officiellement transmis ses observations.
Selon lui, l’OPL a remis un mémoire détaillant ses préoccupations, notamment sur les obstacles structurels qui entravent la tenue des élections depuis plusieurs années: crise politique, insécurité généralisée et faiblesse du système électoral.
Parmi les recommandations formulées par l’OPL figurent la mise à jour du registre électoral, avec suppression des personnes décédées ou incarcérées. Il souligne également que OPL espect le quota de 30 % de femmes exigé par le CEP, sans pour autant imposer leur présence sous peine de rejet des candidatures, surtout dans les départements où deux candidats doivent être désignés. En outre, etablissement d’un seuil de 5 % des voix pour qu’un parti soit maintenu sur la liste électorale, révision à la baisse des frais d’inscription jugés excessifs notamment 250 000 gourdes pour un candidat à la députation et 500 000 gourdes pour le Sénat.
Par ailleurs, Dario Siriac souligne qu’à partir des cadres élémentaires pour l’acceptation des élections, le CEP va travailler avec les partis politique autour de l’élaboration d’un calendrier électoral. Il insiste sur la nécessité d’un cadre sécuritaire pour garantir la tenue des élections. Sans sécurité, il est sans doute, illusoire de penser à un scrutin crédible, appelant l’État haïtien à prendre les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre et permettre l’organisation des prochaines élections présidentielles dans le pays.
Likenton Joseph
