Plan International appelle à placer la protection des enfants au cœur du nouveau dispositif sécuritaire qui sera déployé en Haïti, conformément à la décision du Conseil de sécurité des Nations unies d’autoriser une nouvelle Force de répression des gangs. Cette force vise à répondre à l’escalade de la violence et de l’insécurité, et remplacera la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS), soutenue par l’ONU.
Pour l’organisation, les enfants doivent être une priorité dans la réponse sécuritaire et humanitaire. Elle rappelle que ces derniers sont directement exposés aux conséquences de la crise, notamment l’exploitation, la traite et les effets durables de la violence. Des financements supplémentaires sont jugés urgents pour renforcer les services qui protègent les enfants.
« La violence qui sévit en Haïti prive les enfants de leur sécurité, de leur éducation et de leur avenir », a déclaré Prospery Raymond, directeur pays de Plan International en Haïti. Il met en lumière les défis pressants auxquels sont confrontés les enfants et les familles à travers le pays. « Les familles sont prisonnières de la peur et la crise alimentaire s’aggrave, laissant près de la moitié de la population confrontée à des pénuries alimentaires et à l’incertitude quant à leur prochain repas. Les risques pour les enfants, en particulier les filles, sont inimaginables, car ils sont exposés à des dangers accrus de traite, d’exploitation et de recrutement par des groupes armés. »
Plan International affirme rester fidèle à son engagement en faveur des enfants et des familles. Ses équipes fournissent déjà des services d’urgence en matière de protection de l’enfance et d’éducation, notamment des espaces amis des enfants, un soutien psychosocial et la prise en charge des cas les plus vulnérables.
Tout en saluant les efforts internationaux pour rétablir l’ordre, l’organisation insiste : « Ceux-ci doivent s’accompagner d’un engagement ferme à protéger les enfants contre toute forme de violence. Chaque enfant a le droit de grandir à l’abri de la violence, de l’exploitation et de la peur. Leur protection doit être au cœur de toute réponse sécuritaire et humanitaire », a souligné M. Raymond.
Plan International collabore avec des organisations haïtiennes pour atteindre les zones les plus touchées et intensifie ses efforts pour fournir nourriture, éducation et soins aux familles. Mais l’organisation estime que l’avenir de ce travail dépend d’une action urgente de la communauté internationale. Elle appelle aussi toutes les forces de sécurité à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à mieux protéger les civils.
Selon le Service de suivi financier des Nations unies, seuls 13 % des fonds nécessaires au Plan de réponse humanitaire Haïti 2025 ont été obtenus pour l’éducation et la protection des enfants. Plan International demande donc que les forces déployées soient dotées d’une expertise en protection de l’enfance et formées à la prévention des violences sexistes, de l’exploitation et des abus sexuels. L’organisation insiste également pour que les mesures de sécurité permettent un accès humanitaire garanti, afin de mieux soutenir les populations dans le besoin.
Sorah Schamma Joseph