Le diocèse de Jérémie et l’Église catholique haïtienne ont perdu, le mardi 12 août 2025, une de leurs figures les plus emblématiques et respectées : Son Excellence Monseigneur Joseph Willy Romélus. Il est mort à l’âge de 94 ans.
“C’est avec une profonde tristesse que nous apprenons le rappel à Dieu de Son Excellence Monseigneur Joseph Willy Romélus, Évêque Émérite de Jérémie, survenu ce matin, mardi 12 août 2025, vers 7 h 30” , indique une note du diocèse de Jérémie. Mgr Joseph Gontran Décoste a indiqué que la santé de l’évêque émérite s’était récemment aggravée en raison de complications intestinales. Il a rendu un hommage chaleureux à la mémoire de cette figure engagée et dévouée au sein de l’Église catholique. Né le 17 janvier 1931 à Château/Arniquet, Monseigneur Joseph Willy Romélus s’est éteint paisiblement à son domicile, après une vie dédiée au service des plus démunis, à l’éducation et à la justice sociale. Ordonné prêtre en 1958 pour le diocèse des Cayes, Monseigneur Romélus a consacré plus d’un demi-siècle à l’Église. Nommé évêque de Jérémie en 1977, il y a exercé un ministère d’une rare intensité, marqué par une profonde compassion pour les plus pauvres et un engagement inébranlable en faveur des droits humains. Son courage et sa voix ont souvent porté loin, jusqu’à faire de lui un candidat sérieux au Prix Nobel de la Paix et un lauréat du prestigieux Prix Européen des Droits de l’Homme.
Sous son épiscopat, il a vu grand pour son diocèse : des écoles et des centres de formation ont vu le jour, offrant à la jeunesse haïtienne des chemins d’avenir. Mais son œuvre ne se limitait pas à l’éducation , elle s’enracinait aussi dans la foi vivante, dans la création de communautés solides et dans la lutte pour une justice sociale digne et pacifique. Mgr Romélus fut un homme de sagesse, un guide spirituel dont le rayonnement dépassait les frontières d’Haïti. Sa vie illustre, en actes et en paroles, les vertus que l’Église catholique souhaite transmettre : amour du prochain, humilité, courage face à l’adversité. Engagé de longue date dans la défense des droits humains et la justice sociale, Monseigneur Romélus s’est illustré comme une voix courageuse et déterminée face aux régimes dictatoriaux haïtiens, notamment sous la dictature des Duvalier. Fondateur en 1990 de la Commission diocésaine des droits humains à Jérémie, il a joué un rôle central durant la période de crise politique de 1991-1994, notamment lors du coup d’État contre le président Jean-Bertrand Aristide.
En pleine répression, il ouvrait les portes des églises aux victimes de violences et dénonçait publiquement les atteintes aux droits fondamentaux, y compris devant l’ONU et les médias internationaux. Président de la Conférence épiscopale d’Haïti de 1993 à 1999, Monseigneur Romélus a souvent endossé le rôle de médiateur national, plaidant pour le dialogue, la non-violence et une société plus juste, tout en critiquant fermement les inégalités sociales et la corruption.
Son héritage spirituel et patriotique laisse une empreinte profonde dans l’histoire récente de l’Église catholique haïtienne et dans la conscience nationale. Monseigneur Joseph Willy Romélus restera une figure emblématique du combat pour la dignité et la liberté en Haïti.
Son départ, aussi douloureux soit-il, invite à une réflexion profonde sur la nature même de la vie et de la mort. Et de mieux comprendre que la mort n’ est pas pour certains la fin de la vie mais parce que la mort est une partie intégrante de la vie. Le témoignage décapant de Monseigneur Joseph Willy Romélus lui-même, à travers son ouvrage autobiographique: “Espérer contre toute espérance” , nous offre un message d’espérance et de force. Il nous incite à vivre pleinement, malgré les épreuves, dans la certitude que l’âme est éternelle.
Le jeudi 21 août 2025, la ville de Jérémie dans le département de la Grande Anse chantera ses funérailles en la Cathédrale Médaille Miraculeuse, où il reposera désormais. Une cérémonie qui, au-delà de la tristesse, célèbrera une vie accomplie, riche en sacrifices et en bienfaits.
Schultz Laurent Junior
