L’Office de Protection du Citoyen (OPC) a organisé ce lundi 8 décembre 2025 la cérémonie de remise de prix aux lauréats de la 9ᵉ édition du concours de textes et de reportages sur les droits humains, à l’intention des journalistes, étudiants et écoliers-ères, allant du nouveau secondaire 1 au nouveau secondaire 4. Deux cent vingt-cinq (225) participants venus de toutes les régions du pays ont pris part au concours, et trois lauréats ont été distingués dans chacune des catégories (journalistes, étudiants, élèves).
Dans son allocution, Jean Wilner Morin, Protecteur du citoyen, a rappelé que le 10 décembre 1948, à Paris, l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme, et qu’Haïti, en tant que membre fondateur de l’ONU, l’avait immédiatement soutenue. Il a souligné que cet engagement s’inscrivait dans la continuité des idéaux de la Révolution haïtienne, pionnière de la lutte contre l’esclavage et source d’inspiration mondiale pour la liberté et la dignité humaine.
Il a insisté sur le fait que la liberté n’avait jamais été un don et qu’elle ne s’imposait pas d’elle-même : elle constitue une obligation et une exigence morale destinée à garantir la dignité, la justice et les droits fondamentaux de chaque individu.
Jean Wilner Morin a rappelé que la nation haïtienne avait marqué l’histoire universelle, mais qu’en 2025, malgré les luttes constantes du peuple, d’anciennes menaces réapparaissaient et freinaient la quête de paix et de justice. C’est dans ce contexte que l’OPC poursuivait sa mission de défense des citoyens contre les abus administratifs et de protection des droits humains. « L’équipe de l’OPC a le devoir d’assurer l'impartialité, l'efficacité et la protection des droits essentiels tels que la vie, la santé et la dignité », a-t-il affirmé.
Il a évoqué plusieurs cas illustrant la gravité de la situation, notamment celui d’un vieil homme de Jérémie accusé à tort de sorcellerie et battu à mort dans l’indifférence, alors que la justice demeurait silencieuse. Il a également souligné la révolte suscitée par les adolescents enrôlés par des bandits au lieu d’être à l’école, ainsi que les cris des femmes et des jeunes filles victimes de violences, particulièrement dans les sites d'hébergement.
Selon lui, ces situations rappellent une vérité fondamentale : le droit à la vie, garanti par les cadres internationaux et par la Constitution haïtienne, impose à l’État non seulement de s’abstenir de toute atteinte arbitraire, mais aussi de protéger chaque citoyen contre toute violence illégale.
Il a rappelé que l’ONU, consciente de la gravité de la crise haïtienne, avait adopté des résolutions majeures, notamment celle autorisant une mission multinationale de soutien à la sécurité dirigée par le Kenya. Toutefois, a-t-il regretté, les résultats concrets tardaient encore à se faire sentir dans la vie quotidienne de la population.
Sur le plan judiciaire, il a indiqué que l’OPC avait mené une enquête dans plusieurs juridictions et commissariats, et que le rapport attendu en janvier 2026 révélerait une réalité préoccupante : pour beaucoup de citoyens, la justice semblait presque illusoire et fortement marquée par l’iniquité, l’accès à une justice équitable demeurant extrêmement limité.
Il a expliqué que la neuvième édition du concours de textes et reportages s’inscrivait dans la volonté de sensibiliser, former et mobiliser la jeunesse autour des droits humains. La participation de jeunes venus de toutes les régions du pays démontre, selon lui, que la jeunesse haïtienne refuse le silence et la résignation.
Pour sa part, le ministre de l’Éducation nationale, Antoine Augustin, a salué l’initiative, qu’il considère comme un événement devenu au fil des années une véritable référence en matière de sensibilisation, de recherche, de protection des citoyens et de promotion des valeurs liées aux droits humains. Il a rappelé que cette rencontre se tenait à la veille du 10 décembre, date symbolique correspondant à la Journée internationale des droits de l’homme et marquant également le 77ᵉ anniversaire de la Déclaration universelle.
Il a déclaré que la promotion et l’enseignement des droits humains représentent un devoir et a encouragé l’OPC à continuer de mobiliser journalistes, universitaires et écoliers afin de lutter contre la corruption, protéger les déplacés internes et dénoncer les violences basées sur le genre (VBG).
De leur côté, les lauréats de la catégorie journalistes, Jonasson Odigène et Esther Kimberley Bazil, ont exprimé leur gratitude. Ils ont affirmé que ce prix représente plus qu’une distinction : c’est un engagement renouvelé à donner une voix à ceux que l’on n’entend pas. Ils ont rappelé l’importance de la profession journalistique pour défendre les droits, relayer les souffrances silencieuses et faire entendre les voix des plus démunis. À titre de récompense, ils bénéficieront d’un stage professionnel, ouvrant la porte à davantage d’opportunités dans le domaine du journalisme.
Modeline Youte
