Haïti a célébré la Déclaration universelle des droits de l’homme dans le chaos, estime le Collectif Défenseurs Plus, qui a peint un tableau catastrophique de la situation des droits humains dans le pays à l'occasion de la commémoration du 76e anniversaire de la déclaration des droits de l’homme.
En effet, le Collectif Défenseurs affirme que la célébration de la Journée mondiale des droits de l’homme se fait sur fond de crise, marquée par une violation constante des droits fondamentaux de l’homme. Il souligne que 76 ans après la rédaction de la charte de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’écart entre la signature et la mise en application de ce document n’a cessé de se creuser en Haïti.
Le Collectif Défenseurs Plus indique que le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de la personne est de plus en plus bafoué en raison de l’instabilité politique et de l’insécurité généralisée. Il rappelle que le rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme fait état de plus de 5 000 personnes tuées durant les 11 derniers mois de l’année 2024. Parmi ces tragédies figurent le massacre du 3 octobre à Pont-Sondé, où plus d’une centaine de personnes, incluant des enfants, des jeunes mères et des personnes âgées, ont perdu la vie sous les balles assassines, ainsi que celui des 200 vieillards massacrés par le chef de gang Mircanord entre le vendredi 6 et le samedi 7 décembre à Cité Soleil (Wharf Jérémie).
Le droit à l’éducation, qui est un pilier fondamental de la construction d’une société équitable et prospère, est également foulé aux pieds. L’accès à l’éducation reste un défi majeur en raison de la violence des gangs qui contrôlent plus de 80 % du territoire. Dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, de nombreuses écoles publiques et privées ont été détruites ou transformées en refuges pour les personnes déplacées en raison des violences. Selon le ministère de l’Éducation nationale, plus de 300 000 enfants sont désormais confrontés à des obstacles majeurs pour accéder à une éducation de qualité.
Les Haïtiens n’ont pas droit à une santé de qualité. Plusieurs dizaines de centres hospitaliers ont fermé leurs portes dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Des groupes armés ont pillé puis incendié les locaux des pharmacies situées dans les parages de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti. Ces actes compromettent l’accès aux soins et empêchent la disponibilité de médicaments.
Ainsi, le Collectif soutient qu’il est de plus en plus nécessaire de profiter de l’appui de la force multinationale pour aider la Police nationale d’Haïti à déloger les foyers de gangs, de renforcer les capacités du système judiciaire au niveau communautaire, ainsi que d’améliorer l’accès à la justice afin de prévenir et de régler les conflits.
De plus, il préconise la mise en place d’une politique éducative adaptée afin de permettre à tous les enfants et les jeunes d’avoir accès à l’éducation et à la formation, d’assister les familles déplacées sur le plan humanitaire et dans le domaine du logement social, de créer des conditions permettant aux hôpitaux déjà existants de fonctionner, et de trouver un accord politique sérieux pour conduire la transition vers le retour à l’ordre constitutionnel.
Sheelove Semexant