Haïti/ Santé mentale

Autour de la santé mentale des enfants en Haïti

À l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale célébrée le 10 octobre, la fondation «Zanmi Timoun», en partenariat avec UREH (Un Regard sur les Enfants d'Haïti), a organisé un atelier d'échange autour de l'impact du contexte actuel sur la santé mentale des enfants, sous la thématique «Les défis de la santé des enfants en Haïti dans le contexte actuel : Comprendre, prévenir et agir».

Cette année, l'Organisation mondiale de la santé a commémoré la Journée mondiale de la santé autour du thème «La santé mentale est un droit humain universel», dans le but de favoriser une meilleure compréhension des troubles mentaux et de protéger la santé mentale de chacun, considérée comme un droit humain universel.

En Haïti, la fondation «Zanmi Timoun» et UREH commémorent cette date sous un aspect particulier qui tient compte de la santé mentale des enfants, dans un contexte marqué par la violence inouïe des gangs criminels. Cette situation a un impact dévastateur sur les enfants, provoquant des traumatismes psychologiques tels que le stress post-traumatique, l'anxiété, la dépression, les difficultés à se concentrer à l'école et à interagir avec les autres.

Lors d'un colloque, des spécialistes en santé mentale, des pédiatres et d'autres professionnels de la santé ont abordé les problèmes liés aux troubles mentaux sous de multiples angles, mettant l'accent sur les facteurs à risque, les conséquences et les pistes de solution qui pourront améliorer les conditions de vie des malades mentaux, en particulier des enfants.

Dans son intervention, le pédiatre Claude Surenate soutient que des troubles psychologiques chez les enfants peuvent survenir à la naissance ou se développer avec l'âge, suite à un environnement familial et social propice. Il ajoute que certains troubles psychologiques sont dus à une mauvaise alimentation qui affecte non seulement la croissance physique, mais aussi la croissance mentale des enfants. « Les mal-nourris sont beaucoup plus à risque de développer des maladies mentales », dit-il.

La pédiatre Stéphanie Auguste, dans son allocution, s'est penchée sur l'impact des réseaux sociaux sur le comportement émotionnel et la santé des enfants, indiquant que les enfants exposés à l'internet sont beaucoup plus à risque de développer des troubles émotionnels en raison des images choquantes et de toutes les mauvaises choses que certains internautes projettent sans tenir compte de leurs conséquences. Ainsi, elle invite les parents à contrôler et limiter l'utilisation des réseaux sociaux des enfants pour protéger leur santé mentale et les répercussions émotionnelles qui pourront survenir.

L'ancienne ministre des Haïtiens vivant à l'étranger s'est également penchée sur la situation de violence en Haïti, qui a causé la fuite et la division des familles nucléaires, soulignant que cette situation crée un environnement propice à l'exploitation des enfants, où ils seront plus susceptibles de devenir des victimes. « De par leur vulnérabilité, les enfants sont de plus en plus recrutés pour intégrer les groupes armés. La majorité des bandits sont des jeunes de moins de 20 ans, les enfants reflètent ce qu'ils voient », souligne-t-elle.

Pour sa part, le psychanalyste Franklin Normil tient compte de la maladie mentale d'une manière plus générale, soulignant que les malades mentaux sont constamment victimes de discrimination et de stigmatisation, arguant que ces critiques constituent des freins à la prise en charge de la maladie. Il mentionne également l'inadéquation des services offerts pour soigner les malades en raison de la concentration des personnels soignants.

En ce sens, il plaide en faveur d'une augmentation du volume de services offerts à la population, en particulier à ceux qui ont des problèmes mentaux. Il sollicite le soutien des autorités, des organisations et de toutes les instances concernées pour mettre un terme à l'exclusion sociale, à la discrimination et à la stigmatisation dont sont sujets les malades mentaux.

D'autres professionnels de la santé mentale ont aussi touché la fragilité des enfants par la crise actuelle en explorant les défis et les opportunités liés à la promotion de la santé mentale des enfants en Haïti, mettant l'accent sur les pratiques exemplaires et les stratégies novatrices pour renforcer la résilience des enfants et des communautés touchées par l'escalade de la violence.

 

 

Sheelove Semexant

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