Une délégation de la CARICOM est arrivée à Port-au-Prince le lundi 4 septembre 2023, dans le but de faciliter un accord politique visant à résoudre la crise politique. Les émissaires séjourneront au pays jusqu'au 10 septembre. Mais, ce round de négociation s'annonce complexe en raison des positions divergentes des parties prenantes.
Les émissaires ont soumis un document aux protagonistes, élaboré après des discussions avec le Premier ministre Ariel Henry, les représentants de l'accord du 21 décembre, les signataires de la déclaration de Kingston, et des acteurs de la société civile. Ce document aborde des points cruciaux, notamment la formation d'un gouvernement d'unité nationale, la révision du Haut conseil de la transition (HCT), la sécurité, et la création d'un Conseil électoral provisoire.
Cependant, les positions des protagonistes se sont durcies. Le Collectif des partis politiques du 30 janvier a émis des recommandations pour garantir le succès de la mission. Ils demandent la validation du projet de cadre de discussions, la mise en place d'un pouvoir de transition avec un exécutif bicéphale, et la discussion du projet d'accord global en circulation.
Le parti politique EDE, dirigé par l'ancien Premier ministre Claude Joseph, a émis des demandes claires dans le cadre des discussions en cours concernant l'avenir politique. L'une des demandes principales d'EDE est la démission du Premier ministre Ariel Henry, ainsi que de son gouvernement.
Selon le parti, le Premier ministre Ariel Henry gouverne le pays depuis l'assassinat du Président Jovenel Moïse sans vision, consensus, mandat ou projet clair. Cette structure politique a également formulé une proposition alternative dans le but de résoudre la crise politique. Elle préconise entre autres la transformation du Haut conseil de la transition en un Conseil présidentiel de la transition, dirigé par un président exerçant les prérogatives présidentielles.
C'est la même position exprimée par les porteurs de l'accord Montana. Pour Patrick Joseph, porte-parole du Conseil national de la transition, organe créé dans le cadre dudit accord, les discussions doivent tourner autour du départ du Premier ministre Ariel Henry du pouvoir, pour avoir laissé la situation sécuritaire s'envenimer à ce point. Selon M. Joseph, le chef du gouvernement constitue un élément du problème.
Soulignons que ce n'est pas la première initiative prise par la CARICOM dans la perspective d'encourager les acteurs à parvenir à une entente pour dégeler la crise. Sous les auspices de cette organisation régionale, une cinquantaine d'acteurs haïtiens issus d'horizons divers s'étaient rendus en Jamaïque pour discuter, mais les échanges n'ont abouti à rien de concluant.
En juillet dernier, une délégation, composée entre autres de trois anciens Premiers ministres, a séjourné dans le pays toujours dans le but d'aboutir à un dénouement, mais les lignes n'avaient pas bougé.
Aujourd'hui, les positions se durcissent encore plus, alors que la crise multidimensionnelle s'aggrave, et que l'on s'approche à grands pas de la date butoir du 15 septembre, fixée par le Conseil de sécurité de l'ONU pour se pencher sur la proposition du Kenya de prendre la tête d'une force multinationale en Haïti.
Entre-temps, la délégation de la Caricom est déjà à pied d'œuvre en Haïti. Ce mardi 5 septembre, les émissaires se sont entretenus avec le Premier ministre Ariel Henry ainsi que d'autres acteurs concernés par la crise. Les discussions vont se poursuivre au courant de la semaine.
Esdra Jeudy