L'Unité de lutte contre la corruption et la Conférence des recteurs, présidents et dirigeants d’institutions d’enseignement supérieur haïtiennes (CORPUHA) ont signé un protocole d'accord, ce mercredi 30 août 2023, autour de la création de la chaire interuniversitaire d'études anticorruption, baptisée du patronyme du premier directeur général de l'ULCC « Amos Durosier »
«L’Unité de lutte contre la corruption et la Conférence des recteurs, présidents et dirigeants d’institutions d’enseignement supérieur haïtiennes, ont l'insigne honneur de notifier à la famille du feu Amos Durosier, premier directeur général de l'Unité de lutte contre la corruption, leur décision, à partir de la signature d'un protocole d'accord, de créer une chaire qui sera dénommée « Chaire interuniversitaire d’études anticorruption Amos Durosier », tels sont les mots inscrits sur le certificat de notification qui a été remis par le directeur général de L’ULCC, Hans Jacques Ludwig Joseph et le président de la CORPUHA, Jean Robert Charles, au fils de l'ancien prêtre et éminent professeur, Amos Durosier, en l’occurrence, Paul-Alain Durosier.
La corruption est donc cette problématique qui est la cause de nos malheurs, elle est la cause de nos misères, a dénoncé le président de la CORPUHA, Jean Robert Charles qui plaide pour l'éradication de cette plaie qu'est la corruption. « La création de cette chaire anticorruption est un jalon sûr qui est posé désormais indiquant l'orientation que le pays veut prendre pour les 2 ou 3 décennies à venir. Pour combattre la corruption, ce n'est pas par des mots, il faut commencer par la formation morale, éthique et scientifique, pour produire une nouvelle génération dans les décennies à venir capable de s'attaquer à ce mal sinon de l'enrayer dans notre culture. La corruption devient dans notre pays une culture, nous devons ensemble, dans une décision souveraine pour apporter une solution durable à la résolution de ce problème », a martelé M. Jean Robert Charles lors de la cérémonie de signature dudit protocole d’accord.
M. Charles en a profité pour faire éloge du feu Amos Durosier qui fut le premier directeur général de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), d’octobre 2004 à février 2012. De son vivant, poursuit le président Jean Robert Charles, Amos Durosier s’adonnait à l’éducation notamment à l’éducation supérieure, il fut le doyen de l’Institut des Hautes Études commerciales et économiques (IHECE). Cette génération et celles qui auront à venir doivent savoir que même dans le désert il y aura toujours une oasis. Même dans la corruption, il y a des hommes incorruptibles. Amos Durosier fait partie de ces hommes et ces femmes incorruptibles et nous ne pouvons ne pas les présenter comme modèles à cette génération désemparée, sans boussole, a-t-il fait savoir haut et fort au cours de sa prise de parole.
« Amos Durosier était un être magnanime, aimant, intègre et respectueux. Ce grand homme traitait ses étudiants avec respect et équité. Sa plus grande joie et sa fierté étaient de voir briller ses anciens étudiants à l’étranger et dans de grandes institutions que ce soit en Haïti ou ailleurs. Amos Durosier est un modèle pour la génération montante. », en témoigne pour sa part la doyenne de l’IHECE, ancienne collègue et proche du prêtre Durosier, Yanick Damour qui a pris part à cette cérémonie ce mercredi 30 août 2023.
Le directeur général de l'Unité de lutte contre la corruption, Hans Jacques Ludwig Joseph qui a abondé dans le même sens que le Dr Charles, a souligné que la recherche sur la corruption au sein du milieu universitaire est, on ne peut plus, urgente afin de constituer cette masse critique de connaissance permettant d'opposer à ce fléau dont les racines sont aussi profondes que nombreuses.
Selon M. Hans Jacques Ludwig Joseph, la signature de ce protocole constitue également un premier pas dans l'effort d'implémentation de chantier qui offre aux universitaires l'opportunité de s'emparer de cette importante préoccupation, non seulement comme question de recherche, mais aussi dans la perspective d’aider à construire une coalition d'acteurs favorisant l'émergence d'une nouvelle génération d'hommes et de femmes d'État honnêtes et intègres.
« C'est pour la première fois dans toute l'histoire du monde universitaire haïtien que la corruption va constituer un objet d'étude pertinent et par conséquent qui doit être traité avec méthode, rigueur et scientificité », a lancé fièrement le DG de l'Unité de lutte contre la corruption précisant qu'il s'agira à partir de cette chaire de promouvoir un système intégré de recherche, de formation et d’information en rapport avec la lutte contre la corruption.
En outre, Hans Jacques Ludwig Joseph, dans son discours, dit entendre voir à travers la création de cette chaire baptisée « Amos Durosier », une université imprégnée de valeurs morales et de transparence, une université proposant des contenus axés sur le civisme, la reddition de comptes, la citoyenneté, une université qui propulse à travers des débats structurés des valeurs essentielles en matière de gestions de la chose publique dans l’objectif de faire obstacle à cette idée voulant faire croire que la corruption est un acte socialement accepté et toléré.
Présent à cette cérémonie, Paul-Alain Durosier qui a également fait éloge de son père comme un homme crédible et humaniste a indiqué que la création de cette chaire incarne la détermination à renforcer la gouvernance, à promouvoir la responsabilité et à cultiver une culture où l'intégrité sera non seulement attendue pour ainsi dire célébrée. « Œuvrons main dans la main pour faire progresser cette noble cause. Engageons-nous aujourd’hui à honorer l'héritage d'Amos Durosier en construisant un avenir où la corruption n'a pas sa place, où la vérité et la justice prévalent », appelle le fils cadet du feu Amos Durosier qui souhaite que ladite chaire soit une source d’inspiration et d’action pour tous ceux qui rêvent d'une Haïti meilleure et équitable. « Ensemble, nous pouvons et nous allons vaincre la corruption », a-t-il renchéri.
Vladimir Predvil
