HAÏTI-INSÉCURITÉ

Le CARDH dit recenser 83 cas d’enlèvements pour le mois de juillet 2023

La Cellule d’observation de la criminalité du Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme ( CARDH) dit avoir recensé quatre-vingt-trois cas de kidnapping pour le mois de juillet 2023, parmi lesquels, 23 au Bas-Artibonite.  Le CARDH qui condamne la violence des gangs et les cas d'enlèvements dans le pays  réitère son appel à l’État, aux politiques et à la coopération internationale à prioriser les droits des citoyens haïtiens. 

 

Recrudescence de la violence, particulièrement à Tabarre et dans le Bas-Artibonite

Vers mi-juin 2023, le gang Kraze Baryè, dirigé par Vitelhomme Innocent, est sorti de son trou et a ramené certaines zones de la région métropolitaine, notamment Tabarre, dans la spirale de violence : kidnapping, tueries, incendies de biens. Le 23 juillet, suivant les citoyens des quartiers de Truitier, de Dumorney, de Galette, de Moquette et de Kolofe ont été pourchassés. Aussi, plusieurs ont été exécutés et d’autres blessés par balle. Environ une centaine d’entre eux se sont ensuite réfugiés devant les locaux de l’ambassade des États-Unis d’Amérique à Tabarre. Malgré l’existence de nourrissons, d’enfants en bas âges et de vieillards, la police a fait usage de gaz lacrymogène pour contraindre les déplacés internes à vider les lieux, ce qui a provoqué la dégradation des conditions sanitaires de ces personnes vulnérables. Ils ont ensuite été relocalisés au lycée Jean Marie Vincent à Carradeux.

 

Parallèlement le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme a indiqué qu’au moins 51 ressortissants étrangers de quatre pays ont été enlevés de janvier à date. Et la violence instaurée par le gang de Vitelhomme Innocent à Tabarre a provoqué le déplacement de 400 familles, totalisant 2000 déplacés internes, dont 229 enfants ( de 0 à 17 ans).

 

En outre, malgré l’exécution de plusieurs de ses membres dans le cadre de l’opération « Bwa Kale », au moins 20 présumés bandits exécutés par la coalition pour sauver l'Artibonite formée du groupe armé de Jean Denis et des membres de la population d’autres localités (Chandelle, Belanger, Borel, le gang de Savien continue de semer le deuil dans la population. Au moins 15 assassinats ont été enregistrés et 23 enlèvements ( au moins deux rapts collectifs) pour le mois de juillet et plusieurs maisons ont été incendiées.

 

Dans le rapport, les responsables du Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme  ont précisé que face à cette situation, le Département d’État américain a classé Haïti au niveau 4 de l’alerte de sécurité (niveau de risque très élevé) et a évacué son personnel non essentiel. « Le 27 juillet 2023, le gouvernement américain a émis une alerte urgente exhortant ses citoyens en Haïti à quitter le pays le plus rapidement possible via des vols commerciaux. Compte tenu des récents affrontements armés entre les gangs et la police et de la forte menace de crimes violents et d'enlèvements dans tout Port-au-Prince, le Département d'État exhorte les citoyens américains à planifier leur départ d'Haïti dès que possible par des moyens commerciaux. Le gouvernement américain est extrêmement limité dans sa capacité à fournir des services d'urgence aux citoyens des USA en Haïti. », soulignent-ils.

 

En ce qui a trait au déploiement d’une force internationale spécialisée dans le pays, pour le CARDH, le mandat de cette  force internationale devra se focaliser sur le renforcement effectif de la police, matériels/équipements, formations d’unités adaptées, technologies de pointe, armes, construction de prisons et de commissariats standards,  afin qu’elle soit en mesure d’assurer la protection des citoyens et des biens après le départ de ladite force. La protection de la population doit être clairement définie dans le mandat, tenant compte des expériences du passé. En ce sens, les organisations de droits humains ont un rôle à jouer, a fait savoir cette structure de défense des droits humains. « La force internationale aidera à créer les conditions sécuritaires afin de rétablir les institutions démocratiques par l’organisation d’élections. C’est donc aux Haïtiens de résoudre les problèmes structurels de l’insécurité, ce qui impliquera un changement de paradigme au niveau de la vie publique, politique et de la société civile. »

 

Les causes structurelles de l’insécurité doivent être résolues par les Haïtiens 

 

Le CARDH a tenu à souligner que cette force n’aura pas la mission de résoudre les problèmes structurels de l’insécurité. Selon cet organisme, fondamentalement, elle aidera à créer les conditions sécuritaires afin de rétablir les institutions démocratiques par l’organisation d’élections, conformément aux Chartes des Nations Unies et de l’OEA, à la Constitution haïtienne ( article 58 et suivants), au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 25) et à la Convention américaine relative aux droits de l’homme (article 23). «  C’est donc aux Haïtiens de résoudre les problèmes structurels. Ainsi, il faudra une nouvelle façon de faire de la politique (dirigeants et opposants). La politique « traditionnelle » est l’une des causes essentielles du malheur haïtien. L’intérêt collectif doit primer ! Il faudra de nouveaux gouvernants, une autre forme d’opposition politique ayant le sens de l’intérêt collectif. Il faudra donc assainir la vie politique et économique. Il faudra aussi une société civile éclairée capable de jouer son rôle de vigile.» 

 

Vladimir Predvil 

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