MISSION DE LA CARICOM EN HAÏTI

Des attentes non comblées

Une délégation de la CARICOM a séjourné en Haïti le 27 février 2023, pour une mission de 48 heures, dans l’objectif de s’enquérir de la situation. La décision d’envoyer au pays cette mission, qui est dirigée par le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness, a été prise en marge de la 44e réunion des Chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM aux Bahamas. Les émissaires se sont entretenus notamment avec le Premier ministre Ariel Henry, les membres du HCT et des acteurs politiques et de la société civile.

Selon la Primature de la République, les échanges entre le Premier ministre Haïtien Ariel Henry et la délégation ont été fructueux, le chef du gouvernement en a profité pour insister sur la nécessité que des actions concrètes soient menées pour le rétablissement d’un environnement sécuritaire dans le pays. Ce qui constitue la préoccupation première du gouvernement et une condition essentielle pour l’organisation des élections, selon la Primature. 

 

Rencontré par la délégation, le Centre d’analyse et de recherches en droit de l’homme (CARDH) en a profité pour soumettre à l’attention des émissaires un document dans lequel il expose en 22 points la situation haïtienne et formule des recommandations. L’organisme a plaidé en faveur du rétablissement de la sécurité, condition sine qua non pour la tenue d’élections dans le pays, en proie à la dictature des gangs qui tuent, kidnappent, violent, et appauvrissent la population haïtienne.

 

CARDH, recommande, entre autres, l’élargissement du consensus du 21 décembre 2022. « De concert avec le gouvernement, le Haut conseil de la transition (HCT) doit créer les conditions pour élargir, dans la mesure du possible, le consensus de l’Accord du 21 décembre 2022 (consensus minimal). » Parallèlement, le centre appelle les acteurs à faire preuve d’ouverture et du sens patriotique et se montrer dans l’intérêt de la population.

 

Cette structure déplore que la Police nationale n’ait pas les moyens nécessaires pour freiner la montée du banditisme et demande à la communauté internationale de se fixer sur la demande du gouvernement haïtien relative à une aide militaire. « La Police nationale n’a pas les moyens matériels, technologiques et humains pour affronter les gangs. Si la coopération internationale veut réellement secourir la population, elle doit laisser le prisme des rencontres, promesses, sommets… pour décider définitivement d’envoyer en Haïti une forme internationale (multilatérale ou bilatérale) adaptée pour accompagner la police dans sa mission. »

 

CARDH estime par ailleurs qu’il est nécessaire de compléter la Cour de cassation. « De concert avec le HCT, le gouvernement doit rendre fonctionnelle la Cour de cassation en y nommant huit (8) juges (la liste lui avait déjà été acheminée par le Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire en décembre dernier) ». En ce qui concerne la réforme constitutionnelle, CARDH croit qu’elle doit être engagée afin de résoudre les problèmes liés aux cycles électoraux, aux mandats des élus, au régime politique, de dépolitiser la question de décharge entre autres. 

 

De son côté,  « Nou p ap konplis », via une note publiée le lundi 27 février 2023, dit ne pas s’attendre à grand-chose de la mission. Pour la structure petrochallenger, les rencontres ne contribueront nullement à la résolution de la crise. D’après NPK, celle-ci est mal orientée et est en inadéquation avec la réalité actuelle, ce qui va, selon elle, augmenter la liste des missions infructueuses de hautes délégations étrangères sur la crise haïtienne.

 

Considérant l’ampleur de la situation et la nécessité pour la communauté internationale de jouer sa partition dans le cadre des démarches visant à rétablir l’ordre institutionnel dans le pays, la structure petrochallenger exhorte les pays amis d’Haïti à se rendre à l’évidence et à agir concrètement au lieu de dépêcher des missions en permanence sur le territoire national.

 

« Au nom de la solidarité internationale, NPK réclame une action concrète des pays dits amis d’Haïti. En effet, ce que traverse Haïti actuellement est inacceptable et l’international doit cesser son hypocrisie de mauvais goût à l’égard du peuple haïtien », poursuit la note tout  en soulignant que « le Gouvernement haïtien et la société dans ses composantes sont incapables d’endiguer la crise pluridimensionnelle secouant Haïti ». Par ailleurs, NPK appelle, une fois de plus, les différents secteurs de la vie nationale à engager des discussions sincères afin de trouver à une issue à la crise.

 

 

Esdra Jeudy 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES