Depuis cinq ans, la descente aux enfers d’Haïti s’est accélérée : assassinat spectaculaire d’un président de la République à son domicile, chez lui, en présence de son épouse ; pillages et destructions massives de biens publics ; cessation du transport aérien de la capitale à la suite de menaces terroristes ; occupation d’une bonne partie de Port-au-Prince par les gangs ; paralysie des institutions régaliennes. Nous voici arrivés à la fin d’un quinquennat marqué par la folie meurtrière de groupes armés, qui ont pratiqué systématiquement une politique de la terre brûlée.
Au cours de ce dernier trimestre, des opérations policières ont fini par desserrer, tant soit peu, l’étau autour du grand Port-au-Prince. La violence n’a cependant pas connu de trêve dans l’Artibonite et le Plateau Central.
Port-au-Prince et quelques autres villes ont pu « fêter » au milieu du chaos : on a dansé dans nos night-clubs sur un volcan mal éteint, aux laves encore chaudes. 2026 arrive à grands pas. C’est l’année du grand écart vers des élections. C’est aussi l’année, pour les élites politiques et économiques, du choix décisif : renoncer à l’économie criminelle, aux activités marginales qui ruinent les institutions, et surtout à l’instabilité permanente qui sert de roue de la fortune aux PME du crime et aux politiciens manœuvriers — au prix de nos fins dernières.
En cette fin d’année où nous nous permettons d’espérer, nous le répétons sans illusion : il faudra batailler dur. Nous formulons nos vœux pour une meilleure année 2026. Ensemble, donnons du bras pour sortir notre pays de ce honteux bourbier ! Mais rien ne changera par miracle ; tout peut changer si, enfin, l’impunité cessera de gouverner et la complicité, de prospérer. À l’heure des choix, il faudra préférer la République aux petits arrangements, l’État aux gangs, et l’intérêt général aux profits cyniques de la crise.
Roody Edmé
