La plus simple entreprise ne peut se permettre une mauvaise gestion. Mais l’État peut consentir d’avoir à sa tête des dirigeants sans aucun bilan et qui persévèrent dans un échec dont en pâtit toute une nation. Le rétablissement de la sécurité était la principale demande du pays, ce qui devrait se traduire dans les faits par la libre circulation sur les routes reliant nos départements et le retour des dizaines de milliers de déplacés dans leurs quartiers.
À ce jour, aucun progrès n’a été constaté, sinon que des affairistes ayant peut-être partie liée avec les malfrats ou le gouvernement profitent de la situation. En absence de l’État, des compagnies aériennes offrent des prix extravagants pour des courts trajets comme celui de Port-au-Prince-Jacmel, qui avoisinent presque 500$ dollars américains. Tout fonctionne comme si une petite élite pouvait se permettre ces folles dépenses alors que le gros de la population pour ses déplacements devait prendre tous les risques sur les routes tenues par les gangs.
Parallèlement, les politiciens commencent à s’agiter pour les élections. Après, pour la plupart avoir gardé un silence comme prudent sur les exactions subies par la population durant ces trois dernières années, n’ayant jamais émis aucune opinion sur la situation chaotique que nous vivons, ces politiciens s’apprêtent à venir courtiser le vote des citoyens, citoyens horrifiés, écœurés devant l’ampleur du je m’enfoutisme et de l’indifférence de cette classe politique qui ne pense sans doute qu’à venir jouir des immenses privilèges que se sont octroyés les membres du CPT.
Seulement à deux mois de la date butoir du 7 février 2027, le CPT n’a donc rien à son actif. On a changé le directeur général de la Police nationale à plusieurs reprises. Ce changement semble motivé non pas par le désir d’améliorer les résultats de l’institution, mais plutôt par un jeu de petites guerres internes qui semblent profiter uniquement aux chefs de gangs. Ces derniers interviennent impunément sur les réseaux sociaux pour intimider, menacer et révéler leurs liens — que tous les citoyens devinaient de toute façon — avec certaines personnalités de notre élite économique.
La folie bat son plein à la fois sur les réseaux et dans une Presse en pleine dérive tenue par souvent par des journalistes qui se vendent au plus offrant. On est loin du temps où la vraie militance faisait rêver à un autre pays. Aujourd’hui, il n’est question que du ventre et du bas-ventre.
Le pays va mal avec ces femmes et ces hommes devenus des caricatures d’humains, des esprits minuscules croyant donner le change, alors que tous les citoyens peuvent voir dans leur jeu souvent stupide et cruel.
Gary Victor
