De quoi demain sera fait ?

De quoi demain sera fait ?

Cette semaine, une partie du destin d'Haïti se joue au Conseil de sécurité de l'ONU. Une proposition coparrainée par les États-Unis et le Panama prévoit qu'une « force de suppression des gangs » succède à l'actuelle Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). Cette dernière n'a jamais atteint le nombre de policiers prévu pour son déploiement, fixé à 2 500. Les Kenyans se sont beaucoup plaints du manque de moyens et de la qualité de leur matériel, souvent d’occasion. Une véritable « brocante armée » qui ne pouvait guère permettre à la force de remplir ses engagements.

Quoi qu'il en soit, le 2 octobre marque la fin officielle de la présence kenyane. Le Conseil de sécurité de l’ONU va-t-il voter la proposition américano-panaméenne ? Ou, comme d'habitude, Russes et Chinois vont-ils en profiter pour faire un pied de nez à l'Amérique ? La question haïtienne, sur fond de fausse empathie humanitaire, a en réalité toujours été traitée sous l’angle des chantages géopolitiques.

Le monde actuel est si divisé que le concept de « communauté internationale » a depuis longtemps explosé, tel un drone dans le ciel ukrainien. La politique des tarifs mise en place par les États-Unis a exercé une forte pression sur le commerce international. Quant au Moyen-Orient, il est devenu une poudrière qui menace d’embraser la planète entière.

Entre-temps, en Haïti, les différents secteurs en sont encore aux vœux pieux, et tout le monde attend le 7 février sans vraiment planifier la suite. Certes, des réflexions ont été entamées au sein de la société civile et de quelques partis politiques, mais la précarité et la méfiance sont telles qu’il n’y a rien de vraiment nouveau sous le soleil. Sinon que la plupart des observateurs gardent les yeux rivés sur les États-Unis, où se « fabrique » désormais une partie de l’actualité haïtienne.

Dans ce contexte, il est illusoire d’attendre une solution toute faite venue de l’extérieur. Si la communauté internationale reste divisée, l’avenir d’Haïti dépendra avant tout de la capacité des acteurs locaux à dépasser leurs intérêts immédiats pour bâtir un consensus minimal. Sans ce sursaut, le pays risque de rester prisonnier d’une instabilité chronique, suspendu aux décisions étrangères plutôt que maître de son propre destin.

Roody Edmé

 

 

 

 

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