Ni pays ni exil est le titre du premier recueil de poèmes de Ricardo Boucher qui vient de paraître chez LEGS ÉDITION.
L’annonce est parue ce mercredi 20 novembre sur la page Facebook de la maison d’édition qui présente le livre comme un hymne à la mémoire des victimes de la dictature duvaliériste, en particulier les résistants Luis Drouin Jr et Marcel Numa, sans oublier le prêtre Jean Marie Vincent crible de balles dans la nuit du 28 août 1994 en rentrant chez lui et la jeune étudiante Evelyne Sincère, torturée violée et abandonnée dans une décharge publique dans la zone de Nazon, près de Delmas. Pour l’éditeur Dieulermesson Petit Frère, il s’agit d’une « poésie de la résistance et du refus, l’écriture de Ricardo Boucher porte la voix de tous les damnés de la terre ».
Le recueil donne la voix aux martyrs du monde entier : « Du Liban aux contrées de Gaza, de Téhéran à Port-au-Prince, de la RDC jusqu’aux Portes de la Méditerranée, le poète rassemble les cris de tous les innocents qui tombent sous la fureur des balles assassines et disparaissent dans le ventre de l’océan. Il offre une pierre tombale à tous les déshérités et oubliés de l’histoire qui font les frais des attentats à la bombe », lit-on dans la note de l’éditeur.
Les noms des victimes de l’insécurité politique, Antoinette Duclaire, Tchadensky Jean-Baptiste résonnent comme au son du tambour :
« Si j’étais poète
J’écrirais
S’il me faut une lune
Qu’elle soit pleine
Dans la grande nuit
Sur un cœur de chair pantelante
Entre les trous de la poitrine
Et la bouche d’un canon de fusil éclaboussée par des larmes
S’ajoute le dernier poème d’amour de l’autre victime
[…]
Mon peuple suit son destin
La roue d’une ambulance étreint le cou du soleil
[…]
Antoinette Duclaire repose
Telle une fleur, elle refleurira »
A Tchadensky Jean-Baptiste, cet étudiant de l’école normale supérieure et qui comédien à ses heures, iil s’adresse :
« Cher camarade
Pour aller explorer l’humain
Peu avant l’aube anxieuse l’œil gravit pierre par pierre la grande muraille obscure
Où la résistance est passible de la peine capitale
Je connais le pouvoir d’une poignée de main à chaque levée de peuple
Pour le partage du pain quotidien
Pour écrire les noms tombés anonymement
Pour jeter des gerbes de fleurs sur le chemin des corps qui reposent en révolte »
Dans le poème intitulé Jessica Nazaire, Il fait revivre la jeune poétesse de 23 ans partie trop tôt :
« Toi poétesse
Ton visage s’est effondré sous un ciel trop peu digne d’humain
Tu reconnais la brutalité des roses
Et pourquoi de nouveaux barbelés d’herbes sèches s’allongent
Là où tu es prisonnière d’une noirceur qui soustrait l’aube
Toi poétesse
Tu cours à ta mort infaillible
Sur ta route
Les échardes se changent
En mots de louange
Ta voix redoutable vient jusqu’à moi … »
Cependant, le recueil ne se limite pas à Haïti mais fait un clin d’œil à tous les peuples de la terre qui souffrent. À une poétesse arabe épouse la voix de toutes les femmes du monde arabe, les militantes qui souffrent de l’oppression. Le livre est illustré par le peintre Mario Benjamin. Il fait environ une centaine de pages. Il sera disponible dans le cadre de la 11e édition du Salon du livre haïtien de Paris organisé par l’association Haïti Futur les 30 novembre et 1er décembre 2024 à la Mairie du 15e arrondissement de Paris.
Poète, artiste performeur et activiste politique, membre de l’organisation progressiste et révolutionnaire MOLEGHAF, Ricardo Boucher est Né à Port- au-Prince le 8 mai 1995.
Schultz Laurent Junior