«Rann yon omaj ak atis Kafoufèy yo epi mande pwoteksyon pou fanm ak tifi», tels ont été les mots de Rénal Conseillant, coordonnateur du «Kolektif Inivèsitè pou Ranfòsman Edikasyon Kominotè ak Kilti (Kirekk)» pour expliquer l'idée de cette série d'activités socioculturelles.
Du 18 mai au 16 juin 2024, le centre culturel Kirekk a organisé une série d'activités socioculturelles sous le thème «Akolad: Yon omaj pou eritaj kiltirèl Kafoufèy, yon apèl pou pwoteksyon fanm ak tifi». Cette initiative a eu pour but de mettre la lumière sur les artistes de Carrefour Feuilles et leur rendre un hommage suite aux récents bouleversements que le quartier a connus.
En effet, depuis les bouleversements qui ont frappé ce quartier et ses habitants l'année dernière, la vie culturelle s'est quelque peu altérée. Certains artistes ont perdu leurs maisons, leurs œuvres. Ce qui est le cas de Bertho Jean Louis et de Zikiki Yizrael. Il est tout aussi vrai qu'un grand nombre de femmes et de filles ont été victimes de violence sexuelle et de viol. Toutes les fins de semaine donc depuis près d'un mois, le centre a accueilli des jeunes, particulièrement des jeunes filles pour des ateliers avec différentes personnalités de Carrefour Feuilles.
Le premier week-end a été celui du lancement. Il y a eu en outre un forum sur la violence communautaire et l'implication des jeunes, une causerie avec le chanteur Zikiki Yizrael et Émile Jean, professeur à l'université sur le sujet :«Kafoufèy: valè kiltirèl ak patrimwàn istorik».
Des jeunes filles de Carrefour Feuilles ont eu ensuite droit à un atelier d'initiation à la photographie numérique avec le photographe Wilbert Fortuné pour le deuxième week-end.
Le troisième week-end, un nouvel atelier de dessin et graffiti a eu lieu avec Francisco Silva.
Un hommage particulier a été rendu à l'un des écrivains les plus prolifiques de la littérature haïtienne et fils de Carrefour Feuilles, Gary Victor, lors d'un atelier sur ses œuvres et son écriture avec le normalien Evens Dossous durant la quatrième fin de semaine.
Les dernières activités ont été un atelier psychosocial avec Sophonie Saint Hilaire et la clôture de la série d'activités. Lors de cette dernière qui s'est déroulée le dimanche 16 juin, le public du centre s'est régalé de jeux traditionnels et de performances culturelles données par des jeunes de cette localité.
Akolad a été une façon pour Kirèkk de dire que l'héritage culturel de Carrefour feuilles ne saurait être terni en dépit des affres de l'insécurité. C'est aussi une manière de réaffirmer leur engagement communautaire face aux jeunes filles et garçons de ce quartier qui a tant offert à la culture haïtienne.
Ce centre qui depuis 2018 réunit des jeunes autour de la culture et la littérature représente un refuge pour ceux et celles qui s'investissent dans la communauté qui a plus jamais besoin de l'union de ses enfants pour perpétuer cet héritage.
Néhémie Lamarre