Petite fleur de lune ( suite)

Maladie contagieuse. Un taré perdu dans le brouillard de ses rêves. Un imbécile mal compris. Un cancre devant son professeur à la remise des bulletins. Une folle voyageuse ratant le dernier train, c'est à cela que je me compare.

 Une chimère est susceptible d'être acceptée avant moi si l'on retrouve un jour ensemble dans une vente aux enchères.  J’ai été toute ma vie victime des hommes, parlé de voyage dans le temps. Ou bien des alliés martiens  parmi nous ici-bas.  J’ai bien connu leurs simulacres semblables aux stratèges mises en place par le gouvernement pour voler le peuple. J’ai été folle de rage, malade de voir d'incroyables hommes se faire piéger pour avoir touché une femme sans son consentement et les groupes féministes se faire lapider à cause de leur soutien aux victimes. Ralph est une nymphomane en herbe. Je le surprends à chaque instant en train de m’envoyer en l'air avec de nouvelles têtes sorties je ne sais d'où. Des rondes, des maigrelettes. Des mignonnes qui ne lèvent les yeux que pour sourire. Les filles de mes anciennes amies et d'autres qui ne me saluent même pas sous prétexte que les mères  des garçons sont trop hypocrites. Elles ne s'attacheront qu'à mon fils. Comment ai-je pu mettre au monde une telle créature? Bavard et têtu,  tout le contraire de son père silencieux et paresseux.  Il ne cesse de disputer ses droits avec son grand frère Rashid. Ce lunatique qui ne cesse d'écrire sur tout ce qu'il trouve. Rashid et lui se disputent à perdre haleine, l'un rigole sur la manière que l'autre gémissait en éjaculant sur les prénoms des célébrités qui ignorent son existence et l’autre, à bout de souffle. Lui crie qu'il effacera tous ses écrits pourris. Tous ce que son imagination a pu produire, ainsi. Il aura moins de temps pour venir écouter ses douceurs plaintives lorsqu'il sera au lit avec ses compagnes. Ses amourettes d'une journée, ses amies qui lui permettent de jouir des délices du bas ventre. Un privilège qui n'appartient qu'au roi du sexe, pas au prince des lettres. Chez moi, on dîne ensemble, comme toute famille qui se respecte.  La table devient alors tous les soirs, le lieu de querelle par excellence entre frères et sœur. Ils disputent de tout et de rien. De leur place respective qu'ils n'arrivent pas à se rappeler, du goût de la nourriture, des légumes. De la viande parfois en trop grande quantité. Que je les étouffe avec tout cet amour que je n'arrive pas à concentrer en moi pour le partager avec l'autre écervelé qu'un jour je rencontrerai peut-être. Parfois, ils parlent si fort que les voisins pensaient qu'ils sont en train de se battre, viennent frapper à ma porte et demandent ce qui ne va pas.

Une veuve qui ne peut pas rester sans surveillance. Surtout quand elle devrait prendre soin de quatre ses enfants. Seule,  sans recourir aux vices de femmes fatales. La solitude me faisait  bien. J'ai le temps de repenser ma misérable vie.  De sourire aux moindres souvenirs heureux vu qu'ils ne sont que quelques-uns, peur de pleurer au moment même où mon cœur se brise en mille morceaux, heureuse à l'extérieur pour cacher mes blessures. Je ressens mille et une émotions, des frissons de douleurs me parcourent le dos et je transpire de grosses gouttelettes. J'ai peur de raconter ma vie, de repenser à mes peines. J'éprouve une énorme pitié pour la vie d'abandon que j'ai dû mener pour plaire à quelqu'un qui s'en moquait bien. J'ai vécu avec le sentiment par lequel on me jugeait de femme indigne d’estime, d’égards, d’attention. Un mépris qui a brisé le dernier lien qui semblait encore m’attacher à l'amour et aux hommes. Une haine, un orgueil qui me détruisent peu à peu. En tuant en moi l’espoir que mes angoisses pourraient attirer la compassion de mon premier grand amour. C'était à peine perdu. Je continue de prier, de demander justice, une justice perdue au milieu des billets silencieux, une justice qui s'achète en espèce ou en nature, selon la possession de la victime. J'ai peur de tout laisser, de perdre mon temps à regarder la face de l’ombre en moi comme une trêve de pansement largement embué de grosse souplesse sur mes yeux. Je n’ai jamais douté de personne, c’est pour cela que les gens qui me rapprochaient en ont profité pour me mentir. Je n’ai pas utilisé d'idées préconçues pour juger les choix des gens. Ils font ce qui les enchante avec le but d'être heureux, car un jour, nous allons tous mourir, mieux vaut vivre en attendant. Dans ce pays où il faut avoir un statut social pour toucher sa paie aussi ordinaire qu'il soit, certains sont réduits à guetter le ciel vide en imaginant le vol des oiseaux, le bruissement des papillons disparus avec le temps.  J'en ai marre de ce pays. Marre de tout le voisinage. Marre des chiens qui aboient dans la nuit en regardant le ciel, pareil au loup. J'ai eu une malaise l'autre soir, une grippe, de la toux, tantôt de la fièvre, ah oui ! C’est la poussière de la terre battue de Port-au-Prince qui me l’a donné. L'état nous a interdit de porter des mouchoirs pour éviter de tomber malade à cause de la poussière en nous disant que c’est un prétexte pour manigancer nos plans communistes. J'étais au travail, penché sur une table près fut comptoir, je m'étais perdu dans le journal du matin. Dans la rubrique internationale, le journaliste,  bien mis, un mannequin raté, parlait d'une épidémie qui risque, selon les experts de la santé, de devenir une pandémie. Ces beaux parleurs, je n'arriverai jamais à boire d'un coup leur raconta. Je me suis bien fait avoir durant des années.

 

Godson Moulite

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