Quand le rêve se manifeste dans les œuvres de Jean-Bernard Noël, dit « Brouzard » !

Disait Guillaume Apollinaire : « Le rêve est la meilleure chose qui soit au monde, car c’est grâce à lui que nous avançons dans le réel. »

Dans un univers pictural souvent dominé par des visages de femmes en pleine célébration de la beauté, et qui invite le plus grand nombre des cœurs sensibles à rêver, l’artiste Brouzard s’impose comme une référence. Les morceaux de journaux brûlés qui cachent certains visages de femmes  invitent à un dialogue constant. Qu’est ce que l’artiste veut démontrer ? Comment décrypter les dimensions de cette démarche artistique que cherche à imposer à nos regards ? Quels sont objectifs visés par ce peintre qui semble ne pas vouloir

D’une imagination débordante, les tableaux peints par Jean Bernard Noël, dit Brouzard, explorent de nouveaux horizons, en combinant des éléments superposés que l’artiste récolte dans ses réflexions profondes.  

Des pommes qui rappellent les premiers exercices de dessins d’observation dans les écoles d’art rassurent les regards des curieux et des observateurs avisés, tout en rappelant que l’artiste Brouzard maîtrise à la fois sa liberté de conquérir l’imaginaire collectif et sa foi dans l’application des notions techniques et académiques. Il y a de la force et de l’énergie dans les œuvres de cet artiste. 

Des villes imaginaires trouvent également une place de choix dans la sélection des sujets que l’artiste tente de représenter dans sa stratégie audacieuse d’influencer l’environnement pictural de nos quotidiens.

Dans cette affirmation de Jean Cocteau, il souligne que : « Les rêves sont la littérature du sommeil. Même les plus étranges composent avec des souvenirs. Le meilleur d’un rêve s’évapore le matin. Il reste le sentiment d’un volume, le fantôme d’une péripétie, le souvenir d’un souvenir, l’ombre d’une ombre. » Elles sont nombreuses les œuvres peintes par Brouzard, qui s’adaptent facilement à cette pensée, on observe dans certains des  tableaux des fenêtres ouvertes sur le fruit défendu.

Dans l’observation des gouttes qui tombent entre les fleurs et les expressions des femmes peintes par Brouzard, il est possible d’entendre dans le silence des tableaux, l’écho de sa créativité émergente. 

Des combinaisons de nombreux instruments musicaux, entre une coquille, un piano, la guitare, une trompette et un tambour confirment cette passion picturale musicalement représentée. Quelle place occupe la musique dans le processus de création de l’artiste ? Que raconte l’artiste dans cette œuvre ? Est-ce une forme de nostalgie ou une représentation de ses sensibilités croisées ?

Des fleurs, des paysages, des natures mortes, des environnements exotiques sont autant de diversités de tons et des styles qui célèbrent la créativité de Jean-Bernard Noel. Des artistes comme Pierre-Richard Delcy, parmi d’autres, expriment autant d’admiration pour le génie de Brouzard.

Dans une mer imaginaire et une ambiance nocturne, Brouzard nous invente une femme aux fleurs, qui rappelle bien le personnage de Simbi. Elle est bien adorable ce personnage aux yeux fermés dont la tête se confond à des pétales. Une belle création qui se complète par d’autres pièces qui suivent la même tendance.

Dans la biographie de Jean-Bernard Noël, dit Brouzard, on retient qu’il est né le 2 janvier 1982, dans la capitale haïtienne. Brouzard  a déjà  fréquenté l’École nationale des Arts (ENARTS), notamment le département des arts plastiques.

Des distinctions à retenir dans le palmarès de l’artiste, parmi lesquels on peut citer :  le premier prix de la fondation Sovege en 2002, pour l’œuvre « Boat People » ; deuxième prix du ministère de la Culture en 2003, pour l’œuvre autour de la « Perception de Toussaint Louverture » ; troisième prix de l’Académie nationale diplomatique et consulaire (ANDC) en 2005, autour du thème l’Art et la diplomatie. Quatrième prix de l’Organisation mondiale de la Santé en 2007, pour les soixante ans de l’OMS.

Dans la salle des bustes du palais national haïtien, Brouzard avait exposé  en 2003. Et durant cette même année, on a pu apprécier ses œuvres au musée du Panthéon national haïtien (MUPANAH). En 2008 à la galerie Festival Arts de l’historienne Marie Alice Théard, il avait exposé ses œuvres. À Montréal en 2010, Brouzard a également exposé autour du thème :" Les Perles d’Haïti. Autant de traces que l’artiste laisse dans l’histoire des arts plastiques contemporains entre Haïti et le Canada.

Durant les vingt dernières années, les défis, les déceptions et la destruction de certaines illusions dans l’espace-temps de nos sociétés n’ont pas réussi à enlever la vitalité et la créativité qui animent le talent de Brouzard. Ce dernier continue de se renouveler en silence, et avec patience, en puisant dans les secrets des capricornes.

« Dans vingt ans, vous serez plus déçus par les choses que vous n’avez faites que par celles que vous avez faites. Alors, sortez des sentiers battus. Mettez les voiles. Explorez. Rêvez. Découvrez. »

Dans cette réflexion de Mark Twain, l’artiste Brouzard semble avoir trouvé assez d’énergie pour bousculer les limites du réel, en nous proposant des tableaux qui suivent les traces de certaines œuvres de Salvador Dali, ce célèbre peintre qui a su faire rêver dans ses toiles les plus impressionnantes.  

Dans le cadre de l’exposition Les couleurs de la dignité, Jean-Bernard Noël donne rendez-vous au public, pour découvrir ces œuvres qui participent dans cette seconde expérimentation autour du rêve, de l’imaginaire et des passions pour le bien et le beau. 

 

Dominique Domerçant 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

1 COMMENTAIRES