Conseil Présidentiel : Course contre la montre ? « Ni rire, ni pleurer, ni haïr mais comprendre »

Des propositions pour en finir avec la compromission, la corruption et le pouvoir de l’égo ?

Et si Haïti n’avait rien à voir réellement avec sa situation ? Et si tout était planifié par ses propres [indignes] filles et fils ? Alors que je réfléchissais à la question que je me poserais pour trouver la cause des problèmes auxquels notre cher pays « Haïti » est confronté et aux solutions possibles, j’ai trouvé cette réflexion sur cette maxime de Spinoza « Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre », publiée dans la Revue en ligne « Sciences Humaines » en 2012 par Martin Gay-Lussac, qui m’interpelle. Cette étude a été dirigée par des chercheurs de la Case Western Reserve University (Ohio, États-Unis).

Je choisis de partager cette réflexion avec tout le monde particulièrement avec les acteurs nationaux et internationaux d’une part, et faire deux propositions d’autre part. L’auteur de l’article écrit : « Le philosophe invitait ainsi à mettre entre parenthèses ses émotions lorsqu’il s’agit d’étudier objectivement un problème. Les rires et les larmes font partager la souffrance et le bonheur d’autrui, mais empêchent de raisonner. Une étude pourrait donner du crédit à cette théorie : lorsque les zones cérébrales responsables de la pensée analytique s’activent, les zones cérébrales responsables de l’empathie s’inhibent alors. Et inversement. » Alors au nom de la vérité, de la justice, de l’équité et de l’amour pour Haïti ou l’appartenance à cette terre, j’invite tous les acteurs à mettre entre parenthèses leurs émotions pour analyser objectivement la situation du pays et prendre des décisions justes et équitables au profit du peuple haïtien et non au profit de leurs propres intérêts personnels, claniques, ethniques.

Nous savons toutes et tous qu’Haïti vit une situation sans précédent de son histoire. Incapables de décider par et pour eux-mêmes, les Haïtiens semblent être confrontés à une équation quasi impossible, c’est-à-dire qui « n'admet aucune solution dans son ensemble de définition. » Souvent nous allons chercher très loin quelque chose [la solution] qui est sous nos yeux sans savoir que la solution se trouve dans le leitmotiv même d’une maxime fondatrice de la nation haïtienne : l’Union fait la force. Cependant il m’apparait difficile d'admettre qu'un si beau pays aussi riche tant par son histoire que par ses ressources humaines et naturelles, sa diaspora, puisse être rempli d’aussi nombreuses incohérences et contradictions autour de son avenir.

Certes, on pourrait mettre une partie de ces problèmes au compte de l'imprécision de ce désir d’unité ou d’idéologies différentes, mais lorsqu’on regarde de près la réalité, ce n’est la divergence d’opinions [le dokos ou la doxa] qui pose problème, mais le refus de nous asseoir pour repenser la reconstruction de ce pays autour d’un projet commun, défendre les intérêts d’Haïti qui n’est autre qu’un bien commun, et rendre Haïti aux Haïtiens tout en œuvrant pour une poétique de relation avec ceux [ les amis réels et les amis apparents] qui veulent que quelque chose change réellement dans ce pays.

 

Propositions

Faisons appel maintenant à une éthique de responsabilité et de conviction pour résoudre le problème.

Comme nous faisons face à deux types d’opinions : celle de l'homme intègre et compétent [l’homme qu’il faut à la place qu’il faut] qui est fondée sur la raison (logos) et celle du grand nombre [les vulnérables] qui est fondée sur la peur,  la crainte, et les circonstances, ces propositions tentent d’explorer les voies essentielles pouvant nous conduire à rompre avec les bases et soubassements de nature sociale, politique, culturelle de l’Haïti d’aujourd’hui, les jeux de « mètdam, kase fèy kouvri sa » : épineuse, caverneuse, courbée sous le poids de l’égocratie (le pouvoir de l’égo), vices, structures, systèmes, imaginaires lesquels nous empêchent d’avancer vers des lendemains plus enchanteurs.

Proposition pour résoudre l’impasse

Personne à lui seul ne pourra bâtir et rebâtir Haïti, raison de plus ou la nécessité de nous unir dans la vérité et le patriotisme, et de traduire en une agréable réalité l’idée de l’unité dans la diversité. Car la polarisation est notre faiblesse. Nous devons reconnaitre que personne à lui seul ne peut retirer Haïti de cette impasse. La solution à long terme doit passer par un projet de société pensé et élaboré à l’aune de nos valeurs. Le projet doit-être inclusif.

Proposition pour résoudre l’impasse au niveau du Conseil Présidentiel

S’il y a quelque chose de plus urgent maintenant, c’est d’assurer la sécurité de la population et accroître sa capacité de résilience pour qu’elle puisse recommencer à vivre en paix et en toute quiétude d’esprit, pour que les enfants puissent retourner à l’école. Le peuple n’en peut plus. Le pays va très mal.

Pour être réalistes, nous sommes toutes et tous conscients que les avis émis et soucis exprimés autour du Conseil Présidentiel par les acteurs, les gens du terrain, les militants, la population sont partagés [manque de diversification, le processus n’inclut pas les femmes compétentes (pour quelle raison ?), stéréotypes, etc., mais cette démarche est la mieux acceptable parmi des diverses solutions possibles pour l’instant. Rester dans la violence, la gestion des affaires courantes, la corruption serait la pire solution possible et même suicidaire.

Selon les médias et l'opinion publique, le processus ne peut avancer en raison d'un conflit fratricide pour choisir le Président du Conseil. Si nous voulons défendre et développer Haïti, pourquoi ce conflit ? Est-ce pour l’amour du pays ? On n’est pas président pour servir l’égo, mais pour servir un peuple.

Si nous voulons construire une nation inclusive, il est impératif de créer des conditions de possibilités pour que les gens compétents, quel que soit leur sexe ou leur âge puissent aider à la gestion de la chose publique ou le bien commun. Nous nous demandons : pourquoi fait-on appel à la constitution pour exclure des gens si on n’a pas fait appel à cette même constitution pour constituer le Conseil Présidentiel ? N'est-ce pas une incohérence ? L’intérêt suprême de la nation primant tout intérêt groupusculaire, individuel ou particulier. Ne devrait-on pas mettre l’accent sur la compétence et la maturité plutôt que sur l’émotion ?

Nous proposons qu’on élargisse le Conseil Présidentiel en demandant à un ou deux autres secteurs d’envoyer même des femmes compétentes (par exemple, le secteur universitaire qui est absent). Ce serait intéressant que des universitaires également interviennent pour éclairer la décision.

Pour résoudre ce problème au sein du Conseil Présidentiel sur la question du choix de son président, nous proposons deux options :

  1. Méthode de réduction par élimination

Admettons qu'il y ait deux grands groupes ou tendances avec deux (2) candidats potentiels, on les choisit par consensus ou compromis et sans compromission pour co-diriger le Conseil Présidentiel qui saura répondre aux aspirations du peuple.  

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  1. Tirage au sort

Procéder par un processus de l’égalité des chances au sein du Conseil Présidentiel. On organise un tirage au sort publiquement et n’importe quel membre du conseil peut devenir président.

In fine, nous sommes appelés à « rendre Haïti aux Haïtiens » pour que justice soit rendue au peuple haïtien. Ensemble, soyons le moteur du changement que nous voulons !

 

Dr Emmanuel R Saint Hilaire

Philosophe

romesy2@yahoo.fr

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