Entre contexte sécuritaire délétère et budgets erratiques, le match perdu contre le Honduras le 13 octobre dernier condense les maux de la gestion du sport haïtien et exige une réponse structurelle, pas émotionnelle.
Cette défaite comptant pour les éliminatoires de la zone CONCACAF à la Coupe du Monde 2026 a provoqué une onde de choc chez les supporters, entraînant une vague de réactions à chaud, ponctuée d’attaques et d’invectives à l’encontre du sélectionneur, des Grenadiers et du Comité de normalisation (CN) de la fédération haïtienne de football (FHF). Cette colère, somme toute compréhensible, ne justifie en rien cette déferlante sinon qu’elle revient à se tromper de cible, sinon de combat.
Et pour cause, cette défaite condense plutôt les maux chroniques de la gestion du sport haïtien et exige une réponse plus structurelle qu’émotionnelle.
L’amère réalité est que le mal est plus profond qu’une erreur tactique, une contre-performance ou une mauvaise gestion ponctuelle. L’histoire du football haïtien, depuis 1974, n’est qu’une longue suite de déceptions, preuve d’une crise permanente.
Faire preuve de lucidité impose d’identifier les causes structurelles, souvent occultées :
• Contexte sécuritaire délétère : violences, enlèvements et barrages routiers perturbent durablement la pratique du sport. Les compétitions sont suspendues à répétition, et les entraînements et les déplacements se font au compte-gouttes. Cette ambiance de terreur contraint les acteurs à évoluer dans un climat de peur permanente, étouffant dans l’œuf toute velléité de performance.
• Absence de politique sportive : les dirigeants n’investissent ni dans des infrastructures dignes de ce nom ni dans la formation des jeunes. L’éducation physique a même disparu des écoles, privant le pays de son vivier de talents.
• Gouvernance défaillante, kleptocratique et prédatrice : la corruption et le clientélisme gangrènent les instances du mouvement sportif et sapent toute ambition compétitive.
La priorité est de s’unir pour relancer le football national en dépassant la colère. L’État, la fédération, le Secteur privé, les éducateurs, les supporters et les médias doivent unir leurs efforts. La lueur d’espoir aperçue lors de ces éliminatoires prouve que le potentiel existe.
Pour le concrétiser, il faudra d’abord pacifier le pays, puis réinvestir dans la formation des jeunes et les compétitions locales, et enfin exiger une politique sportive nationale avec une tolérance zéro à la corruption.
Ce n’est qu’à ce prix que les rêves de qualification cesseront d’être des chimères et que le football haïtien sortira de son apnée et de cette spirale de déception et de désillusion.
Il s’agit de laisser l’émotionnel improductif pour bâtir une institution solide, capable de porter les rêves et les ambitions du pays.
Parlons de rêves, personne ne pourra m’empêcher d’avoir le mien TOUJOURS chevillé au corps : deux (2) succès, un coup de pouce du destin footballistique dans les autres confrontations, et les Grenadiers peuvent encore s’inviter à UNITED 2026.
Mickelson THOMAS
Ex-DG du MJSAC