Éducation à la citoyenneté : docteure Bellita Bayard nous livre un ouvrage de référence !

Depuis quelques années, ils sont de plus en plus nombreux les professionnels des sciences sociales, en particulier de l'éducation qui se tourne vers les recherches, les réflexions et la publication des documents susceptibles de contribuer au renforcement de la qualité de l’éducation en Haïti, notamment dans l’actualisation des programmes d'éducation à la citoyenneté. 

Dans la présente livraison, je vous invite à découvrir les grandes lignes qui caractérisent la nouvelle contribution de la docteure en science de l'éducation, spécialiste en gestion des systèmes éducatifs à l’ISTEAH, autour du thème : « L’éducation à la citoyenneté au cœur d’un déficit de gouvernance du système éducatif haïtien », publié dans les éditions Lorquet. «Cet ouvrage étudie les facteurs causant le non-respect des grandes orientations curriculaires et du cadre normatif qui agit sur les déficits de la culture citoyenne mise en place par l’État en tant que garante du système éducatif haïtien (Negrier et Teillet, 2019 ; Unesco, 2013). Notre travail de recherche porte sur l’éducation à la citoyenneté au cœur d’un déficit de gouvernance du système éducatif haïtien. ».

Docteur Hérold Toussaint n'est pas resté insensible face au travail de cette dernière, dans ses propos inscrits dans cet ouvrage qui vient contribuer au renforcement de ce secteur. Il souligne : « Trois principes président à la rédaction de cet ouvrage. Le premier est celui du souci d’analyser le « processus d'élaboration et de mise en œuvre des curricula du système éducatif haïtien, avec un cas type, celui du curriculum/programme de l'éducation à la citoyenneté du nouveau secondaire. Le second est qu’il n’est pas facile de réussir ce projet sur le territoire national au cœur d’un État faible et irresponsable. Le troisième principe est celui de la concision et de la clarté. », le professeur poursuit : « La docteure Bayard est une femme de science qui sait aller à l’essentiel. Elle choisit la clarté et la concision comme alliées. Chaque chapitre du livre aide tout lecteur ou toute lectrice à raffiner sa compréhension du phénomène. ».

Derrière cette présentation du document, suivie par cet éloge de l’un des plus prolifiques intellectuels, auteurs, professeurs et scientifiques de cette génération, grand passionné de la vie et des œuvres de Jacques Stephen Alexis, on fait la transition vers le premier paragraphe du sommaire  de l’ouvrage qui précise que : «  Ce livre relate les résultats d’une recherche doctorale qui met l’accent sur la gouvernance et la gestion du système éducatif haïtien, en analysant le cas du curriculum de l’éducation à la citoyenneté du nouveau secondaire et le problème de sa mise en œuvre dans les écoles. Dans une mise en contexte, nous avons passé en revue les différents documents stratégiques élaborés par le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), y compris le curriculum de l’éducation à la citoyenneté du nouveau secondaire dont la mise en œuvre tarde encore à apporter des résultats satisfaisants, faute d’une gouvernance appropriée. Nous avons analysé les publications de divers auteurs dans le domaine afin d’élaborer une recension des écrits pouvant montrer les différentes facettes des curricula élaborés dans des pays en développement, pauvres et avancés, et ceci, dans le but de comprendre la dimension et l’importance de ce projet scolaire qu’est le curriculum de l’éducation à la citoyenneté. ».

Décrivant la situation avec des références à l’appui, docteure Bayard affirme : « En Haïti, la gouvernance et la gestion des politiques publiques du secteur éducatif ne sont pas renforcées par les suivis administratifs. Au gré des changements de ministres de l’Éducation, les « documents stratégiques » et curricula/programmes voient le jour, ce qui rend difficiles le suivi et la mise en œuvre de ces dits documents. Certaines écoles évoluant dans le système, dans leurs pratiques pédagogiques, ne tiennent pas compte des projets éducatifs et des politiques gouvernementales en matière d’éducation, tels que le Plan national d’éducation et de formation (PNEF, 1998), le programme opérationnel d’éducation à la citoyenneté de 2000, le Document d’Orientation pour la Rénovation du Secondaire (2006), la Stratégie nationale d’action pour l’éducation pour tous (SNA/EPT) du MENFP (2007-2015), le Plan opérationnel 2010-2015 (PO), mis en place par l’État par le truchement du MENFP. D’où la lourdeur dans les processus et décisions dans l’administration et la gestion de l’éducation. ».

« Dans ce contexte, nous avons posé les questions suivantes : comment la gouvernance et la gestion du système éducatif affectent-elles la mise en œuvre des curricula/programmes dans le système éducatif haïtien, en particulier le curriculum de l’éducation à la citoyenneté du nouveau secondaire ? Comment est-ce que les acteurs-trices définissent les caractéristiques de la gouvernance et de la gestion du système éducatif au regard de la mise en œuvre du curriculum de l’éducation à la citoyenneté du nouveau secondaire ? », persiste et signe cette professionnelle des sciences sociales qui dispose de solide formation, tant en Haïti qu’en Amérique du Nord.

 D’autres questions aussi pertinentes complètent la liste formulée par l’auteure, en vue de renforcer son argumentaire : « Quelles sont les conditions minimales requises pour une mise en œuvre véritable du curriculum de l’éducation à la citoyenneté dans les écoles haïtiennes ? Comment améliorer le cadre de mise en œuvre et de suivi du curriculum de l’éducation à la citoyenneté au regard des conditions de gestion et de gouvernance du système éducatif haïtien ? Ces questions trouveront leurs réponses dans les chapitres élaborés dans le cadre de cet ouvrage.

Dans sa conclusion, la docteure Bellita Bayard souligne que : «  Les suites de notre travail de recherche pourraient également se pencher sur les relations qui devraient exister entre le MENFP, l’influence de la politique et les comportements des politiciens (nes) sur les décisions internes de gouvernance et de gestion du système éducatif au regard des politiques publiques du MENFP. Selon certains-es auteurs-trices de la théorie du capital humain, dont Mincer (1958) et Danvers (2003 ; 2009), l’éducation est un investissement dont les bénéfices sont la formation de qualité d’une société productive et équilibrée. Pour ce faire, il serait intéressant dans le cadre d’une recherche future de voir également l’irrationalité des dépenses d’investissement dans le système éducatif haïtien à travers la conception des documents stratégiques, de politiques publiques et curricula/programmes inexploités et caducs avant même leur utilisation et leur impact sur le système. ».

Docteure en science de l'éducation, dans la biographie de cette fille originaire de la ville de Jacmel (Département du Sud’Est), on peut lire qu’elle est gestionnaire de profession. Elle dispose d’un diplôme d'études spécialisées (DES) en gestion des affaires de l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) et une maîtrise en Administration publique avec option management internationale à l’École nationale d'administration publique (ENAP).

Durant son passage à la faculté d’Ethnologie de l'Université d’État d’Haïti (UEH), elle est sortie licenciée en anthropo-sociologie, avant de décrocher une maîtrise en Science du développement, au Département des Sciences du Développement (DSD), pour ensuite décrocher son doctorat.

 

Dominique Domerçant

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES