L’information sensibilisatrice sur la santé à l’épreuve des médias numériques

L’information est un symbole de pouvoir pour ceux qui la détiennent et un élément capital dans la prise de décision pour ceux qui la reçoivent.

En référence à l’alerte relative aux fausses informations du Ministère de la Culture et de la Communication (MCC) constatant que de fausses informations qui colportent des rumeurs malveillantes sur des responsables publics et des institutions en date du 20 février 2024, il devient judicieux d’enrichir cette problématique, hors de toute intention partisane et en relation à la santé publique.

En effet, l’émergence des médias numériques a révolutionné la communication et l’information dans le monde en termes d’accessibilité. Cependant, ce bienfait intensifie aussi un ensemble de pratiques non éthiques et, pour la plupart, néfastes pour la santé et en particulier la santé mentale. De ces pratiques, nous pouvons retenir la poussée d’une presse en ligne hors normes. Celle-ci est caractérisée par un usage excessif de la sensation pour appâter un large auditoire en partageant des contenus avec des titres incitatifs tout à fait différent du développement de l’information, ou partageant des contenus obscènes qui peuvent ternir l’image des individus et qui souvent ne reflètent même pas la réalité. En outre, des individus prennent le malin plaisir de partager des contenus annonçant un danger imminent sans aucune date précise ou partagent des contenus qui ont eu lieu au moment d’un évènement quasi similaire pour des faits actuels en vue d’attiser la colère ou susciter la peur. Par ailleurs, d’autres créent et diffusent des images et vidéos choquantes lors d’un incident, ou font circuler des contenus assortis de menaces de malédictions en cas de non-partage par le récepteur.

Outre ces pratiques qui peuvent affecter la santé mentale, il y a lieu de considérer celles qui visent à inciter le récepteur de l’information à poser des actions qui peuvent répercuter sur sa santé physique et sur celle d’autrui par rapport aux recommandations qui lui sont conseillées de partager le contenu. Cela dit, qui n’a pas encore vu ou lu sur le web des recettes naturelles pour des maladies, qui sont aujourd’hui encore incurables, venant des personnes qui se disent naturistes, mais n’ayant aucune expertise scientifique ou titre académique dans le domaine. Nous n’avons nulle prétention de remettre en question la médecine traditionnelle, mais faut-il bien reconnaitre le mérite de la médecine scientifique dont le dosage des médicaments et l’évaluation de l’état du patient jouent un rôle capital dans le traitement des maladies.       

Par ailleurs, faut-il souligner que quoique certains individus ont un titre médical les habilitant à cet effet à aborder certains sujets médicaux, ils pimentent parfois les informations pour plus de views, de likes, et de shares. Ils se livrent même à la vente des produits médicamenteux non certifiés par les laboratoires. En somme, à l’ère du numérique, un tas d’informations se trouve disponible, point n’est besoin de se déplacer pour s’informer, un clic suffit. Cependant, il faut savoir faire le tri pour déceler les bonnes informations des fausses.

Parlant de fausses informations, quand leurs créations ou publications par leurs auteurs visent intentionnellement à induire en erreur, c’est la désinformation [1]; ce qui est contraire au fait de partager une fausse information que l’on croie vraie, sans aucune intention de tromper, qui est la mésinformation. Malheureusement, même des esprits bien avisés arrivent à tomber dans le piège de la mésinformation, ce qui peut corroborer la difficulté de détecter les fausses informations. En effet, un contenu partagé et repartagé est susceptible de perdre son contexte et son lien avec sa source première. Aussi, les mésinformations proviennent en grande partie des connaissances, ce qui explique souvent la confiance du récepteur en l’expéditeur pour partager en retour les contenus reçus. Par ailleurs, la désinformation ou la mésinformation peut revêtir d’autres formes, c’est le cas d’un fait véridique qui est manipulé aux fins de servir à un but particulier, là il est question de contenu biaisé. Cette manipulation peut aussi être faite à partir de l’intelligence artificielle en remplaçant le visage d’une personne par une autre (deepfake), afin de créer de faux contenus qui seront difficiles à détecter.

S’il est vrai qu’il est difficile de détecter les faux contenus, il est du devoir de chacun de nous de vérifier le contenu (qui, quoi, quand, où, comment) de l’information et parfois même avec ces indicateurs, il est encore possible de tromper l’auditoire. Il reste donc à vérifier la crédibilité de la source des informations avant de les partager. Pour mieux illustrer cette affirmation, le VIH qui a été depuis longtemps une maladie redoutable, ne cesse de recevoir des étiquettes jusqu’à ce jour, en dépit des grandes avancées actuelles. C’est ainsi que la Coopération internationale pour la Prévention et la Promotion de la Santé les soins et Supports (CIPPRESS), dans le cadre de sa mission d’éducation, de formation et de sensibilisation de la population, a développé l’application  « Platfòm Edikasyon Klyan, (PEK)[2] », disponible sur Play store concernant le VIH. Ceci est un exemple de provenance crédible d’informations sensibilisatrices.

Et par-dessus tout, il est capital de tenir compte de l’intérêt du message à partager. Car, sans le savoir ou le vouloir, les contenus véhiculés sont susceptibles de commettre des dégâts sur la santé mentale de la population. Engageons-nous donc à lutter contre la désinformation/ la mésinformation à l’ère du numérique.

 

Lourdemia ANTOINE

M2 droit International et Européen des Droits Fondamentaux /

Avocate Stagiaire au Barreau de Mirebalais


[1] Inciter les jeunes à lutter contre la désinformation en ligne, Document de conclusion évènement du RAN-Plate-forme RAN YOUNG7- 8 décembre 2020.

[2] https://m.faceboo/story.php?story_fbid=pfbid02yf6tES2arT1aAyqiZtuTLydpZSCpxgY5M2fVdMtDJiAS3cJUXvkpwQL13kzABG3ol&id=100089661109518&mibextid=Nif5oz.

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