Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), en partenariat avec le gouvernement haïtien, a officiellement lancé ce jeudi 18 décembre, le Plan de réponse humanitaire 2026 pour Haïti. La cérémonie s’est tenue dans les locaux de l’OCHA à Pétion-Ville, en présence de plusieurs acteurs nationaux et internationaux.
La Coordonatrice humanitaire en Haïti, Nicole Boni Kouassi, a présenté les grandes lignes de ce plan ambitieux, doté d’un budget de 880 millions de dollars américains. Son objectif est pour apporter une assistance vitale à 4,2 millions de personnes les plus vulnérables, dans un contexte de crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver.
« L’instabilité politique, l’insécurité croissante, les difficultés économiques et la violence armée ont profondément fragilisé le pays », a déclaré la coordonnatrice Nicole Boni Kouassi. Elle a également souligné les effets dévastateurs des déplacements forcés, des violences sexuelles, de l’insécurité alimentaire aiguë et de la vulnérabilité structurelle face aux catastrophes climatiques.
Par ailleurs, le ministre délégué aux affaires humanitaires, Hervil Gaspard, a salué cette initiative, affirmant que la présence du gouvernement à cet événement témoigne de sa volonté de soutenir les efforts humanitaires et de développement. Il a appelé à une mobilisation accrue des partenaires et à un financement renforcé du plan, rappelant que les précédents plans de réponse ont souvent été sous-financés malgré l’ampleur de la crise.
La situation humanitaire s’est considérablement détériorée en 2025. L’ouragan Melissa, survenu en octobre, a fait au moins 46 morts et endommagé près de 842 400 habitations et infrastructures essentielles. Par ailleurs, la recrudescence des cas de choléra a accentué les risques sanitaires, notamment dans les zones où l’accès à l’eau potable et à l’assainissement reste limité.
Selon un projection pour l’année prochaine les chiffres seront alarmants, notamment selon la coordonnatrice, plus de 6,4 millions d’Haïtiens soit plus de la moitié de la population auront besoin d’une aide humanitaire d’urgence, contre 6 millions en 2025. Les déplacements internes liés à la violence armée ont doublé en un an, atteignant 1,4 million de personnes en septembre 2025. À cet effet, si Port-au-Prince était l’épicentre de la crise en 2024, les provinces du Centre et de l’Artibonite concentrent désormais 69 % des mouvements enregistrés.
La coordonnatrice humanitaires Nicole Boni Kouassi, également représentante spéciale adjointe pour le BINUH, a dénoncé la brutalité extrême que subissent les femmes. Selon elle, « chaque jour, 27 femmes et jeunes filles sont victimes de violences basées sur le genre, dont la majorité sont des viols, parfois collectifs. Des milliers de civils sont déplacés, tués ou voient leurs maisons détruites. Les enfants sont enrôlés de force dans des groupes armés, représentant jusqu’à 50 % de leurs membres », a-t-elle alerté.
Le plan de réponse humanitaire 2026 prévoit des interventions multisectorielles dans les départements les plus touchés Ouest, Centre et Artibonite pour réduire les risques immédiats, stabiliser les ménages affectés et améliorer l’accès aux services essentiels. Dans les zones plus stables du Grand Sud et du Grand Nord, l’accent sera mis sur l’intégration locale des déplacés internes et la prévention des tensions sociales.
Entre mars et juin 2026, 5,9 millions de personnes devraient être confrontées à la faim. Le système de santé est en crise avec seulement 10 % des établissements sont pleinement fonctionnels à l’échelle nationale, et 11 % dans la capitale.
La stratégie repose sur une coordination renforcée et vise plusieurs résultats clés tels que la réduction des risques de protection grâce à des mécanismes communautaires, accès à une assistance vitale (eau, santé, alimentation, abris, transferts monétaires), renforcement de la résilience des ménages, stabilisation des zones de déplacés, amélioration de l’accès humanitaire via des partenariats locaux, et une réponse d’urgence plus rapide et mieux coordonnée.
« J’appelle tous nos partenaires humanitaires et de développement, bailleurs de fonds et le gouvernement haïtien à soutenir ce plan afin de préserver la vie et la dignité de chaque haïtien et haïtienne, et pour que l’espoir continue pour les jeunes générations », déclare Nicole Boni Kouassi.
Likenton Joseph
